Sam Cooke : c’est un Soul man qu’on assassine


Samuel Cook, est né le 22 janvier 1931 à Clarksdale dans l’État du Mississippi.  Fils d’un pasteur baptiste, il a sept frères et sœurs. Alors qu’il n’a que 2 ans, la famille part s’installer à Chicago. Dès son plus jeune âge, Sam témoigne d’un goût et d’un talent certains pour le chant. Merci papa. Il fait partie, avec trois de ses frères et sœurs, d’un groupe baptisé The Singing Children. Adolescent il rejoint les Highway QCs, groupe gospel local. En 1950, fort de cette expérience, il se fait remarquer et rejoint la formation des Soul Stirrers.

Le chanteur, qui a ajouté un « e » à son nom de scène, explose. Gagnant en maturité et en confiance au sein du groupe, il devient une star aux yeux de la communauté noire américaine. Cooke veut pourtant conquérir un public plus large… mais la ségrégation fait rage et il est surtout difficile à cette époque pour la communauté noire de s’émanciper du gospel et de la relation à Dieu qu’il entretient.

Poussé par « Bumps » Blackwell, le producteur de Little Richard, il rejoint le monde de la pop, du R&B et de la soul sous le pseudonyme de Dale Cooke. C’est donc sous ce pseudonyme qu’il enregistre Lovable, son premier single solo, en 1956. La supercherie est vite démasquée, et le ton « pop » du titre fait scandale. Art Rupe, le puissant producteur à la tête de Specialty Records, le label des Soul Stirrers, n’est pourtant pas hostile par principe à une carrière en solo de mais l’ambition du jeune chanteur et les divergences d’envies finissent par avoir raison de leur relation. Sam Cooke quitte le groupe et son label.

Un premier album en 1958

Le label Keen engage le jeune chanteur début 1957. L’affaire se révèle très vite bonne. Sam Cooke enregistre ensuite, sous son véritable nom cette fois, You Send Me. Le titre, figure sur la face B de sa reprise de Summertime. Un succès. Le titre passe six semaines en tête des ventes R&B ce qui amène Cooke à sortir, début 1958, son premier album.

Durant les deux années qu’il passe chez Keen, Cooke commercialise quatre albums sur lesquels figurent nombre de ses œuvres les plus marquantes : You Send Me, Wonderful World, Only Sixteen, For Sentimental Reasons, Crazy She Calls Me. L’artiste, excellent dans l’écriture et l’interprétation des ballades, adopte une douceur dans le style dont il ne s’émancipera que rarement par la suite. En 1960, quitte le label Keen et signe un contrat juteux chez RCA Records

Il invente un nouveau genre : la soul

Mohamed Ali en studio avec Sam Cooke

L’année 1963 fait ainsi figure de rupture. Il enregistre cette année-là son septième album pour RCA, Night Beat. L’œuvre surprend par son traitement instrumental, minimaliste, Cooke ayant décidé de mettre pour la première fois sa voix en avant. Il  pose les jalons d’un nouveau genre dont on lui attribuera a posteriori la paternité : la soul. A cette époque, Sam Cooke est considéré par son ami Mohammed Ali comme « le plus grand chanteur de rock’n’roll du monde ».

Découvrant le « Blowin’ in the Wind » de Bob Dylan, Cooke écrit et enregistre un hymne poétique « A Change is Gonna Come ». Fin 1963, Sam Cooke est l’un des artistes noirs les plus populaires de tous les temps. Il écrit A Change is Gonna Come, considérée comme son chef-d’œuvre. Le titre figure sur le seizième album du chanteur, Ain’t that Good News. C’est durant ces mêmes sessions que Cooke enregistre Shake, un titre pop résolument tourné vers le grand public. L’aisance économique due au succès, alors exceptionnelle pour un Afro-américain, lui permet d’envisager sérieusement l’indépendance totale dans la création artistique.

Une fille et trois balles

C’est à ce moment que le destin bascule. Los Angeles, 11 décembre 1964, trois heures du matin… Sam Cooke est avec une jeune fille de vingt-deux ans, Elisa Boyer à l’Hacendia Motel. Ne souhaitant pas céder à ses avances et se sentant en danger, elle s’échappe pour aller appeler la police… en n’oubliant pas de lui prendre son porte-feuille bien garni au passage. Furieux, ce dernier se rend à la réception et tambourine à la porte de la loge de la gérante, Bertha Franklin, une femme de couleur âgée de cinquante-cinq ans. Prise de panique cette dernière penseà une agression, s’empare d’un tisonnier et tire trois fois à l’aide  de son calibre 22.

La légitime défense sera retenue, Sam Cooke étant entré par effraction. Bertha est relaxée,  son avocat réclame 200 000 $ de dommages et intérêts, soit l’équivalent de quatre années des revenus estimés de l’artiste. Elle n’obtient que $ 1000.

Des dizaines de milliers de fans et de nombreux artistes se rendirent à son enterrement, dont Ray Charles, qui entonna pour l’occasion Angels Keep Watching Over Me. Peu de temps après son décès, la veuve de Sam épousa Bobby Womack. Sam Cooke est le père de Linda Womack, chanteuse de Womack & Womack et de Carla Cooke.

 

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