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Buick Centurion : Veni Vidi Vici

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  • Buick Centurion : Veni Vidi Vici


    Dessiné par Chuck Jordan, le concept de la Buick Centurion a été dévoilé au public à l’occasion de l’exposition Motorama de 1956. Ce coupé 4 places est construit en fibre de verre. L’intérieur est conçu comme le cockpit d’ un avion, tendance très en vogue à cette époque (la conquête spatiale est proche).

    Buick Centurion

    Buick Centurion

    Une bulle de toit et un cockpit

    La bulle de toit est assez avant-gardiste dans sa conception. Elle est composée d’un pare-brise hyper panoramique poursuivi par un cockpit en verre et une lunette arrière enveloppante. Les prises d’air de la base du pare-brise sont empruntées, quant à eux, à la Corvette 1956. La ligne de caisse avec ses baguettes latérales chromées est très  aérodynamique. Elle s’étend jusqu’à l’extrémité du capot avant à la base des phares. Ces phares, enfoncés loin derrière le pare-chocs,  font partis de la coque. La peinture bi-ton « Electron Red » est du plus bel effet accentué par des pneus à contours blancs.

    Buick Centurion

    L’avant fuselé, avec des phares encastrés dans les ailes proéminentes, l’ arrière profilé terminé par une tuyère encadrée de deux immenses ailerons lisses lui donne une allure de fusée, un peu à l’image de la Golden rocket d’Oldsmobile.

    La première caméra de recul

    Chose incroyable pour l’époque, une caméra de télévision sert de rétroviseur. Une caméra arrière filme les images du trafic routier et le rapporte sur le tableau de bord par l’intermédiaire d’un écran. La caméra de rétrovision est placée juste au dessus du feu central arrière en forme de tuyère.

    Buick Centurion - Intérieur

    Buick Centurion – Intérieur avec sa caméra centrale

    L’intérieur et les  quatre sièges individuels sont garnis de cuir rouge. Ceux de l’avant coulissant automatiquement lors de l’ouverture des portières pour faciliter l’accès.

    Comme toute américaine qui se respecte, la voiture est mue par un V8 de 325 cv. Un grand nombre des traits esthétiques de la Centurion seront intégrés dès les années suivantes sur les voitures de production des différentes marques de la General Motors.

    Buick Roadmaster Riviera - 1957

    Buick Roadmaster Riviera-1957

    On retrouvera les faux louvers de l’aile arrière sur la gamme Buick dès 1957, la lunette arrière enveloppante sur les Chevrolet 58, les grands ailerons sur les Chevy et Buick 59 par exemple.

    La voiture est aujourd’hui exposée au musée Sloan de Flint, dans le Michigan. En vrai Centurion, elle ne laisse personne indifférent. Elle est venue, on l’a vu, elle nous a vaincu.

     

  • Kodak : Appuyez, nous ferons le reste !


    Kodak Hawkeye Flash - 1950-1961

    Kodak Hawkeye Flash – 1950-1961

    Dans les années 50, les appareils Kodak fabriqués en France connurent un vrai succès. Aidé en cela par  le gouvernement français qui souhaitait relancer les industries mécaniques et avait instauré des quotas d’importation très stricts (il y avait 3 usines en France à Vincennes, Sevran et Chalon-sur-Saône).

    A l’époque Kodak n’hésitait pas à innover et proposer une gamme complète d’appareil  pour le « premier communiant » au féru de photographie. Présentation.

    Kodak Brownie

    Kodak Brownie

    La légende : le Kodak Brownie

    Le célèbre Kodak Brownie Flash était le modèle que l’on offrait aux enfants à Noël ou aux communions. Il pouvait être offert seul dans une boîte carton standard, ou accompagné de son gros flash à lampe. Sa sacoche TP permettait  de prendre une photo sans extraire l’appareil de la housse de transport en cuir. Il était muni d’un seul viseur de poitrine.

    Le Brownie Flash B, en forme de box produit en Angleterre était également très beau avec son aspect bois et peau tannée (photo en haut de page). Il est difficile à trouver aujourd’hui.

    Kodak Retinette

    Kodak Retinette

    Mais dans les années 50, Kodak propose aussi toute une série d’appareils 24 x 36 de qualité appelée « Retinette »  et « Retina ».  Les Retinette, les Retina sont le haut de gamme de la marque. De nombreuses versions seront  produites durant 25 ans.

    Révolution : des photos 28×28

    En 1963, Kodak crée la révolution en proposant un appareil photo proposant un  format d’image carré 28 x 28 mm : l’Instamatic !

    Kodak Instamatic

    Kodak Instamatic

    De très nombreux modèles seront produits pendant 20 ans, pour la plupart des modèles populaires très simples avec son fameux flash « cube ».

    Les Etats-Unis ont aussi produit de très beaux appareils, notamment le Bull’Eye et le Starflash tout droit sortis d’un film de gangsters.

    kodak Starflash

    Kodak Starflash 1960-1965

    Côté collection, on trouve des Kodak Brownie Flash pour 10 euros dans les vides greniers. C’est un appareil très courant qui a été produit à des dizaines de milliers d’exemplaires. Il constitue une belle opportunité  pour ceux qui souhaiteraient entamer une collection ou l’utiliser comme objet déco dans un salon.

  • Chevrolet Corvair : la voiture qui “Twist” !


    Il y a dans la saga automobile américaine de  drôles d’histoires. Celle de la Chevrolet Corvair en est une. Produite de 1960 à 1969, cette voiture avec ses 4,37m et son 6 cylindres à plat était la réponse américaine à la Coccinelle. Le concept ? Une voiture courte, populaire à moteur central arrière.

    Chevrolet CorvairOn doit cette voiture à Edward Nicholas Cole. Cet ingénieur de General Motors remarque que les Américains commencent à s’intéresser aux petites voitures européennes et notamment la Cox de Volkswagen. En 1952, Ed Cole devient ingénieur en chef de Chevrolet et peut ainsi donner libre cours à son idée de petite automobile en 1959.

    Les premières Corvair sont dévoilées le 2 octobre. Une nouvelle série, appelée Monza, à la présentation plus sportive arrive en mai 1960. La Corvair, malheureusement, se révèle peu performante avec son moteur de 80 chevaux seulement. Son concept et ses problèmes de jeunesse amènent de sérieux doutes sur sa survie.

    Une voiture survireuse

    En effet, ce modèle de voiture va devenir le cauchemar de General Motors. En effet en 1965, un jeune avocat du nom de Ralph Nader publie un livre sur les dangers de l’automobile américaine et où il blâme notamment la suspension arrière de la Corvair qui provoque de nombreux accidents. La Corvair survire énormément, ce qui est normal compte tenu de son architecture (61,5% du poids repose sur les roues arrière) mais aussi dangereux à haute vitesse. La voiture fait du twist !Corvair

    Un spot de 6 mn pour tout sauver

    General Motors réagit si mal à cette mauvaise publicité d’autant qu’elle avait en projet de modifier complètement les suspensions. Pour contrer ce « Corvair bashing » Chevrolet sort un spot publicitaire de 6 mn (voir en bas d’article) intitulé The Chevrolet Corvair in action ! où la Corvair est mise à rude épreuve. Un épisode contemporain peut être mis en parallèle de cet histoire avec les mésaventures des Smart et Mercedes Classe A à leurs débuts.

    Une gamme Corvair complète

    Corvair Greenbrier

    Corvair Greenbrier

    Et pourtant, en 1961, Chevrolet ajoute de nouveaux modèles à la gamme Corvair comme une familiale et un petit camion, du plus bel effet, avec une porte de chargement sur le côté appelé Greenbrier.

    Corvair décapotable

    L’année suivante une décapotable et deux moteurs plus nerveux font leur apparition.

    La Monza Spyder fait des étincelles avec son six cylindres turbo de 150 chevaux, première voiture au monde à avoir un turbo en série. En 1965 alors que la carrosserie est revue Chevrolet en profite aussi pour revoir complètement la suspension arrière et améliorer celle à l’avant. La carrière de la Corvair stoppera après 9 ans de carrière.
    CorvairSur le marché de la voiture ancienne, la Corvair n’est pas surévaluée, ce qui fait qu’on peut dénicher un modèle en bon état sans se ruiner. Les Corvair les plus prisées sont le Monza Spyder et les décapotables.

    Ironie de l’histoire, l’impétueux avocat qui aura été à l’origine de tous les tracas de la Corvair n’a jamais eu le permis de conduire…

     

    Films publicitaires de la Chevrolet Corvair

  • Brigitte Bardot : et la France fit rêver le monde


    Mai 1949. Une jeune fille de bonne famille pose pour la magazine ELLE. Elle a 15 ans et ne sait pas encore qu’elle deviendra le sex symbole français des vingt prochaines années.Brigitte Bardot

    Brigitte Bardot est née le 28 septembre 1934 à Paris. Issue d’une famille bourgeoise, elle est la fille d’un industriel et d’une mère au foyer. Brigitte a une sœur cadette, Marie-Jeanne, née 3 ans et demi plus tard. Les deux jeunes filles reçoivent une éducation rigoureuse.

    Les arts font partis du quotidien. Louis Bardot, le père, est passionné de vidéo, activité très élitiste pour l’époque  qui  fait l’admiration du tout Paris. Brigitte s’adonne à la danse classique qu’elle pratique assidûment. Elle obtiendra plusieurs premiers prix. Anecdote et non des moindres, dans la classe de danse de Brigitte se trouve également Leslie Caron, qui deviendra célèbre aux Etats Unis, comme partenaire du chorégraphe et acteur américain, Gene Kelly. Elle la reverra au festival de Cannes.

    Marie-Jeanne, brillante élève, est souvent préférée par ses parents à Brigitte, au tempérament plus libre. Est-ce la raison pour laquelle elle n’aura de cesse de vouloir être aimée et se faire remarquer ? Une liberté qui accompagnera Brigitte tout au long de sa carrière.

    1949, première  couverture pour Elle magazine

    Brigitte Bardot couverture de Elle Magazine Mai 1949

    Brigitte Bardot couverture de Elle Magazine – Mai 1949

    En 1948, en dépit de son amblyopie (elle ne voit que d’un œil), elle est reçue au concours d’entrée du Conservatoire de danse de Paris. Brigitte devient vite une ravissante jeune femme. Le Tout Paris défile à la maison, c’est alors qu’une amie de  sa mère  lui propose de la présenter à Hélène Lazareff, directrice du magazine Elle.

    Elle Magazine 1951 - Brigitte BardotA 15 ans, le 2 mai 1949 Brigitte Bardot pose pour sa première couverture. Le réalisateur, Marc Allégret, la remarque et l’auditionne pour Les lauriers sont coupés.  Elle fait alors la connaissance de l’assistant de Marc Allégret, le jeune Roger Vadim de 6 ans son aîné. Ils se revoient longtemps, longuement puis deviennent amants en dépit de l’opposition des parents de Brigitte.  Ils attendent ses  18 ans pour se marier le 19 décembre 1952.

    Elle continue ensuite les photos de mode pour le magazine ELLE et intègre peu à peu le monde du cinéma.

    Elle décroche son premier rôle en 1952 dans le film de Jean Boyer Le trou normand , aux côtés de Bourvil. Expérience pas des plus agréables tant le rythme de film et les humeurs de l’équipe sont aux antipodes du caractère candide et enjoué de Brigitte.

    Et Vadim créa Bardot

    En 1956, après plusieurs autres films , elle décide pour le Festival de Cannes d’éclaircir sa chevelure en  blond doré. Le coup est gagnant ! Le film de Roger Vadim qui peinait à trouver un financement, devient, au travers de Brigitte Bardot, plus vendeur. Et dieu créa la femme sort quelques mois plus tard.brigitte-bardot-hair

    Le film raconte l’histoire de Juliette, jeune femme ingénue totalement insouciante, au sommet de sa beauté. Elle fait exploser les cœurs et les mœurs de tous les hommes du village de pêcheurs de Saint-Tropez où elle vit. Elle ne pense qu’à s’amuser et aux plaisirs de la vie dans une communauté traditionnellement attachée aux bonnes mœurs et au travail.

    Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant dans "Et Dieu créa la femme"

    Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant dans “Et Dieu créa la femme”

    Grâce à ce film Brigitte Bardot devient une star internationale. Naturelle, sensuelle, provocatrice et impudique sont les adjectifs qui reviennent en boucle.  C’est  le  premier film français à se classer au box office américain en dépit de son modeste succès en France. Sa beauté, sa nudité font d’elle le sex symbole des français. Le mythe B.B. est né.

    Dans ce film, Brigitte Bardot donne la réplique à Jean-Louis Trintigant.  Ce dernier interprète Michel, un jeune homme tourmenté par son amour inconditionnel pour Juliette. Vadim leur demande de jouer une passion brûlante. C’est ainsi que les deux comédiens vont très vite se rapprocher. Brigitte, qui a l’habitude de jouer naturellement chacun de ses rôles, finit par tomber amoureuse de son partenaire.

    Brigitte Bardot 1956

    Brigitte Bardot – 1956

    Elle divorce de Roger Vadim en 1957 mais restera proche de lui. Jean-Louis Trintignant sera l’un des grands amours de sa vie jusqu’en 1958.  Elle dira de lui “J’ai aimé Jean Lou à la folie, je l’aimais comme je n’ai peut-être plus jamais aimé, mais je ne le savais pas, j’étais trop jeune”.

    Cette chose qui se promène toute nue

    En 1958, Brigitte achète sa propriété La Madrague à Saint-Tropez. Elle enchaîne les tournages et notamment celui d’ «  En cas de malheur » où elle donne la réplique à Jean Gabin. Gabin qui, dans un premier temps ne veut pas jouer “avec cette chose qui se promène toute nue” ,  finit par accepter.

    En 1959, Brigitte Bardot se pose avec Jacques Charrier, jeune comédien qu’elle rencontre sur « Babette s’en va en guerre ».

    Brigitte Bardot et Jacques Charrier

    Jacques Charrier et Brigitte Bardot

    Il deviendra son deuxième mari  avec lequel elle aura son unique enfant, Nicolas, né le 11 janvier 1960. “J’ai eu un fils qui n’a pas provoqué en moi un développement terrible de la fibre maternelle » admettra –telle plus tard.

    Trop occupée par sa carrière, elle tombe  amoureuse de Sami Frey. Leur histoire démarre  sur le plateau de La vérité d’Henri-Georges Clouzot  en 1960. Jacques Charrier apprend la liaison de sa femme avec ce dernier. Déprimée, harcelée par les paparazzi, sensible aux critiques qui s’abattent sur elle, Brigitte tente de se suicider le 28 septembre 1960, le jour de son anniversaire. Elle divorce de Jacques Charrier en 1962 qui obtient la garde du « petit Nicolas».

    Brigitte Bardot -1962

    Brigitte Bardot -1962

    1962 c’est aussi l’année de la médiatisation de ses combats légendaires dans l’émission de télévision 5 colonnes à la une’, Brigitte dénonce les conditions d’abattages des animaux de boucherie en France, sujet encore d’actualité…

    S’ensuivent les tournages de La Vérité de Raoul Lévy en 1960, Le Mépris de Jean-Luc Godard. En 1963, elle accepte un tournage à Londres aux côtés d’Anthony Perkins, « Une ravissante idiote », d’Edouard Molinaro. Le duo qu’elle forme avec Jeanne Moreau dans Viva Maria ! en 1966 est un nouveau succès mondial.

    En 1967, Brigitte épouse à Las Vegas  le play-boy allemand et milliardaire, Gunter Sachs. Il emploie les grands moyens à la hauteur de son compte en banque. Mais bien vite Brigitte s’ennuie. Gunter Sachs passe la majeure partie de son temps à l’étranger ou avec ses amis. Ce dernier avait fait le pari entre copains qu’il épouserait Brigitte Bardot. Elle s’apercevra que bien trop tard de la supercherie. Ils divorceront en 1969.BB-sttrop

    Comic strip musical

    Parallèlement, elle devient la muse de Serge Gains­bourg qui lui compose plusieurs célèbres titres : Harley David­son, Bonnie & Clyde, Je t’aime moi non plus, Comic Strip. La relation avec Serge Gainsbourg sera courte mais intense : “Il voulait me rencontrer et me faire entendre quelques chansons qu’il avait composées… On s’est retrouvés très intimidés. Quasiment sans voix.  Il m’a demandé si j’avais du champagne. Nous en avons bu, un peu, beaucoup et j’ai alors pu attaquer sa chanson avec insolence et avec sensualité. Ce n’est que, des jours plus tard, après avoir enregistré Harley Davidson, que nos doigts se sont croisés et que plus rien d’autre, plus personne d’autre, n’a existé pour moi.” Et d’ajouter : “J’étais mariée à Gunter Sachs, mari fantôme, alors que j’avais besoin d’appartenir corps et âme à un homme qui soit présent et que j’admire. Serge était là et je l’admirais jusqu’au vertige.”
    Brigitte BardotLe troisième grand amour de  sa vie en somme. « L’amour tient une place prépondérante dans ma vie. L’amour est la base de ma vie, mon oxygène, ma survie ».  Mais les tournages reprennent et tout se casse.

    Brigitte devient Marianne

    En 1968, elle accepte de prêter ses traits à Marianne et son buste, sculpté par Aslan, vient orner toutes les mairies de France. En 1970, l’actrice retrouve les plateaux de cinéma et rejoint le casting du film de Michel Melville, L’Ours et la poupée, avec Jean-Pierre Cassel. La même année, sur le tournage des Novices elle rencontre Annie Girardot qui devient une amie fidèle. Brigitte Bardot à Saint TropezElle enchaîne avec Les Pétroleuses (1971) aux côtés de Claudia Cardinale, et Boulevard du rhum avec Lino Ventura.

    Après une apparition dans L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse chemise de Nina Companeez (1973), Brigitte Bardot annonce qu’elle met un terme à sa carrière cinématographique à l’âge de 38 ans «j’en ai assez de cette vie superficielle, creuse, l’amour pour les animaux me pousse à leur dédier ma vie ».

    Décision qui enrichira le mythe à tout jamais.

    Ci-dessous : Brigitte Bardot à Cannes en 1967

  • Raymond LOEWY : le Frenchy, star du design américain


    Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant. Raymond Loewy, né le 5 novembre 1893 à Paris est le père des nouvelles lignes de la bouteille Coca, des logos Lucky Strike, Shell, LU, des Studebaker des années 50, de l’aménagement intérieur du Concorde.

    Raymond Loewy

    Raymond Loewy

    Raymond Loewy fait ses études au lycée Chaptal à Paris. 1908 est une date clé. Il assiste au vol du Franco-Brésilien Santos Dumont. Pionnier de l’aviation, connu pour avoir construit de nombreux dirigeables  et aéronefs. Impressionné, le jeune Raymond rentre chez lui et conçoit un avion-jouet propulsé par un élastique qu’il baptise Ayrel. Ni une ni deux, il brevette cette invention et  remporte à 16 ans le premier prix de la célèbre James Gordon Benett Cup.

    Illustrateur de mode à New York

    1914, la première guerre éclate, il sert dans l’armée française et est décoré de la Légion d’honneur à titre militaire. Il part pour New York  en 1919 avec 40 dollars en poche et une lettre de recommandation pour le magazine Vogue. Déjà, le style est incontournable chez Raymond Loewy. Son visage est parée d’ une belle moustache « aérodynamique » qui rappelle ses origines françaises. Elle devient vite symbole du glamour hollywoodien à la Clark Gable.
    Raymond-Loewy (1)À New York, il trouve du travail comme étalagiste pour le grand magasin Macy’s qui le mettra à la porte pour avoir osé révolutionner la devanture du magasin. Il devient alors illustrateur de mode pour les journaux Vogue et Harper’s Bazaar.

    Un premier client nommé Gestetner

    Duplicateur désigné par Raymond Loewy

    Duplicateur désigné par Raymond Loewy

    Commencent alors dix années de galères jusqu’en 1929. A cette date, il obtient le poste de directeur artistique de Westinghouse. Un an plus tard, il ouvre sa propre agence de design Raymond Loewy. Sa première commande en tant que designer industriel est de moderniser la machine à dupliquer, le cyclostyle, inventée par David Gestetner.
    À partir d’un duplicateur «moche et qui sentait mauvais», Loewy façonne un nouveau prototype en argile, qui chamboule par sa silhouette profilée tout ce qui existe dans le domaine. La carrière de Loewy est lancée.

    Coca Cola, Shell et Lucky strike

    Réfrégirateur Coldspot en 1934

    Réfrégirateur Coldspot en 1934

    Les années 1930 le voient travailler pour Coca Cola, Shell dont il dessine le logo. Roebuck and Company lui commande le design du réfrigérateur Coldspot en 1934 (dont SMEG s’inspirera du style). Les ventes exploseront de 60 000 à 275 000 unités.

    En 1938, il est naturalisé citoyen américain. Automne 1940, c’est le patron d’American Tobacco qui le provoque en lui lançant le défi de relooker les paquets Lucky Stricke. Au bout  de six mois,  il impose un paquet d’un blanc intense et non plus vert encore en cours 60 ans après. Le design du paquet Lucky Strike remodelé par Loewy attirera un nouveau public féminin.loewylucky

    Loewy Champion de Studebaker

    Raymond Loewy est aussi associé au transport. Pour le chemin de fer de Pennsylvanie, il dessine les locomotives K4s, S1, T1 et la GG1. La collaboration avec Studebaker, débutée en 1936, continue et donne naissance en 1947 à la Studebaker Champion, en 1953 à la Studebaker Commander et à la Studebaker Avanti en 1961 (présentée sur ce blog à la rubrique « Motorama »).

    Studebaker Champion - 1953

    Studebaker Champion – 1953

    Son credo? Que ses monstres aérodynamiques donnent l’impression de vitesse même à l’arrêt.
    En réalité, sa grande intuition date de ses premiers pas aux États-Unis. L’émigrant français fasciné par son pays d’accueil découvre une nation jeune et industrieuse. À l’époque, la Ford T, dont un modèle unique sort d’usine chaque minute, n’est disponible qu’en une seule couleur: le noir. Loewy se demande comment un pays aussi puissant et dynamique peut consommer des produits aussi grossiers et  bruyants. Loewy aura de cesse d’œuvrer pour annihiler  ses quatre parasites :  le bruit, les vibrations, la résistance à l’eau ou à l’air et enfin les odeurs. Plus tard, il donnera sa vision de la mythique Jaguar Type E baptisé Type E Loewy.

    La couverture du Time et Air Force One

    Il fait la couverture du Time en 1949 en grand capitaine d’industrie qui endosse l’émergence du premier véritable style américain: le Streamline. 101353003291378En 1953, il revient vers ses sources françaises et fonde, à Paris, la Compagnie de l’esthétique industrielle dirigée au départ par le designer et proche collaborateur Harold Barnett. The New YorkerDe ces bureaux sont issus les logos pour les biscuits LU (1957), la marque de prêt-à-porter New Man (1969) dont la particularité est qu’il peut se lire à l’endroit comme à l’envers. En 1963, son agence compte 250 collaborateurs.

    Le président J.F. Kennedy lui commande alors la décoration de l’Air Force One. En 1976, toujours dans l’aéronautique, l’aménagement intérieur du Concorde et de ses plateaux-repas lui est confié par Air France.
    La même année, il réalise le design de l’intérieur de la station spatiale Skylab pour la NASA. Son nom restera associé aussi au logo BP dont il est le créateur.

    Loewy prit sa retraite à l’âge de 87 ans, en 1980, et retourna s’installer dans sa France natale. Il meurt dans sa résidence de Monte-Carlo en 1986. Il est enterré au cimetière de Rochefort-en-Yvelines. 1947 Dole Deluxe fountain
    En 1992, Viola Loewy, sa fille, et le British American Tobacco ont créé la Fondation Raymond Loewy à Hambourg, en Allemagne. La fondation a été créée pour récompenser les initiatives dans le monde du design industriel à l’international, ainsi que de préserver le souvenir de Raymond Loewy. Un prix annuel de 50 000 € est délivré aux designers les plus méritants. Philippe Starck l’a remporté en 2004. 7d42dc9bdafa27fa58e93c755cab8707En 1988, Laurence Loewy a créé Loewy Design à Atlanta pour gérer les actifs de son père aux États-Unis dans le but d’ouvrir le Musée du design industriel Raymond Loewy.

    L’oeuf sa forme parfaite

    Il est parfois critiqué pour avoir assumé seul le crédit de designs dont il n’était que partiellement responsable ou de projets dans lesquels il n’eut que peu d’implication. Quelquefois, les allures aérodynamiques voulues par Loewy pour ses objets ont nui à leur fonctionnalité. C’est ce qui est arrivé pour le métro de New York avec des portes inclinées de 15°.

    Roi de la formule il disait «tous les objets peuvent être redessinés sauf les cercueils et les grenades». Son seul regret : «N’avoir pas créé l’œuf, cette forme parfaite.» Philishave 7735, designed by Raymond Loewy, 1948Designer mondialement reconnu qui a su épouser le formidable vent d’ingéniosité des trente glorieuses, le monde du cinéma lui rendit hommage avec le film Aviator de Martin Scorsese sorti en 2004.

  • Soul Train : show me the dance !


    1969. Don Cornelius, agent de la circulation à Chicago, arrête la voiture du patron de la radio WVON, Phil Chess. La voix grave de Don Cornelius interpelle le chauffeur qui l’engage pour devenir Disc Jockey sur la station. Il est ensuite recruté sur la chaîne de télévision indépendante WCIU-TV pour présenter l’actualité sportive de l’émission A Black’s View of the News.

    Chemin faisant, Don Cornielius a l’idée de proposer la première émission de télévision sur la soul Musique. (suite…)

  • Oldsmobile Golden Rocket : pour les gentlemen de l’espace


    Peugeot 308, Renault Clio, Volkswagen Golf… telle est donc la vision de l’auto de l’an 2000 de nos constructeurs européens.

    Oldsmobile Golden Rocket

    Oldsmobile Golden Rocket

    En 1956, la marque Oldsmobile du géant Général Motors, propose sa vision de l’automobile de l’an 2000 au travers de son concept car : la Golden Rocket. La fusée dorée. Rien à voir. Quelle créativité, quel régal pour les yeux. Une DS américaine en quelque sorte dessinée par le maître Harley Earl à qui l’on doit notamment la Corvette de 1953. (suite…)

  • Studebaker Avanti : l’auto Art déco


    Bien plus qu’une voiture la Studebaker Avanti est un objet design à part entière. Les avis d’hier et d’aujourd’hui sont tranchés : laide ou belle. Sa production fut éphémère ( 1962-1963), pénalisée par un outil de production sous-dimensionné. Et pourtant, son dessin si particulier, aux antipodes des productions de l’époque, avait séduit les acheteurs. Dommage.

    Raymond Loewy, designer et le président de Studebaker, Sherwood Egbert à côté de la Studebaker Avanti

    Raymond Loewy, designer et le président de Studebaker, Sherwood Egbert à côté de la Studebaker Avanti

    (suite…)

  • Bowden Spacelander : l’histoire du vélo maudit


    Le vélo c’est parfois comme les tableaux : ils deviennent mythiques après des décennies d’oubli. Le Bowden Spacelander est de ceux-là. Vélo aujourd’hui  prisé des ventes aux enchères, ses lignes rétrofuturistes en font une icône.

    (suite…)

  • Jayne Mansfield : tragédie d’un Buste mélomane


    Le cinéma des années 50 et 60 a connu l’icône Marylin Monroe. Ce que l’on sait moins c’est qu’ un autre sex-symbol lui disputait le titre de «Blonde explosive» : Véra Jane Palmer plus connue sous le nom de Jayne Mansfield. Actrice et Playmate, comme Marylin, Jayne un destin tout aussi tragique, emportée dans un terrible accident de voiture à l’âge de 34 ans.

    Jayne Mansfield dans le film The Girl Can’t Help It

    Jayne Mansfield dans le film The Girl Can’t Help It

    (suite…)


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