BMW 507 : le King en guise de légende


Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’industrie allemande n’est pas au mieux de sa forme. BMW mise beaucoup sur la moto alors  la branche auto souffre. Au milieu des années 50, l’entreprise munichoise prend le taureau par les cornes et se lance dans la fabrication d’un roadster sportif très haut de gamme. La BMW 507, produite avec grand soin, au compte-gouttes, va ainsi devenir l’un des modèles les plus légendaires de la marque.

Une ligne italienne pour un prix exorbitant

C’est en novembre 1956 que démarre la production du roadster BMW. Il est l’œuvre d’Albrecht Goertz dont la ligne est digne des meilleurs carrossiers italiens du moment. Goertz, dessinateur industriel allemand exilé aux USA, fût élève de Raymond Loewy, le célèbre designer Franco-américain à qui l’on doit notamment le dessin des Studebaker.

Au Salon de Berlin 1955, la BMW 507 est présentée en guest sur le stand

Présenté au monde en septembre 1955 au salon de l’automobile de Francfort,au salon de New York puis à Berlin, le roadster 507 requiert tous les suffrages. Il a pour ambition de rivaliser sur le marché américain avec les légendaires Mercedes-Benz 300 SL, Ford Thunderbird, Chevrolet Corvette C1, et autres Ferrari.
Cabriolet biplace de 4,38 m, la 507 est un canon de beauté. Flancs tendus, avant rebondi et arrière fuyant, c’est un symbole de puissance et de vitesse. Elle séduit un public aisé, voiture des stars et des princes, avec un prix astronomique de 5 millions de francs en 1955 (oups).

bmw_507Les prévisions de vente sont de 1000 unités par an mais  la diffusion reste confidentielle avec 253 exemplaires dont une dizaine en France et 2 prototypes. Le tarif est à mettre en regard de celui de la Mercedes-Benz 300 SL, nettement plus puissante, et le double d’une Jaguar XK 140. L’erreur que BMW commet est sans doute de ne pas s’engager en compétition automobile pour porter la carrière commerciale de son bolide. BMW jette l’éponge en 1959 pour éviter  la faillite. Les pertes s’élèvent à 15 millions de Deutsche Mark.

Un V8 pour une vitesse de pointe de 217 km/h

BMW507CoupeEt pourtant sur le papier tout se présente bien. La carrosserie est façonnée en aluminium de façon artisanale. Le cabriolet est motorisé par le premier  moteur V8 de la marque, avec 3,2 Litres de cylindrée, poussé à 150 chevaux par deux carburateurs Solex, pour une vitesse maximum annoncée de 217 km/h. Malgré des chiffres qui paraissent aujourd’hui assez quelconques, le moteur fait preuve d’une certaine modernité qui permet à BMW de démontrer ses talents de motoriste.

1280px-BMW_503_2012-09-01_13-54-42Le V8 munichois se démarre via un bouton-poussoir situé sous la clé de contact. A l’usage, ce V8 se distingue par des performances de très bon niveau : 0 à 100 en 11″ aidé par un poids relativement peu élevé de 1300 Kg. L’habitacle est intégralement habillé de cuir.  Le compte-tours et l’indicateur de vitesse sont posés derrière le grand volant blanc à quatre branches sont magnifiques. La BMW 507 se distingue à l’époque par une excellente répartition des masses, un centre de gravité bas et une direction très précise. Taillée pour l’Amérique, la BMW 507 offre aussi un grand confort de roulement. Les sièges n’ont que peu de maintien mais sont très confortables. Dans la production locale, seule la Corvette vient concurrencer la BMW et pour beaucoup moins cher.

Une voiture de légende adoptée par le King

Elvis Presley et sa BMW 507 blanche qu'il fera repeindre en rouge.

Elvis Presley et sa BMW 507 blanche qu’il fera repeindre en rouge.

De nombreuses stars du spectacle de l’époque en possèdent une dont Alain Delon et Elvis Presley. Ce dernier en achète une blanche en Allemagne entre 1958 et 1960, durant son service militaire à la base américaine de Ray Barracks à Friedberg. Il la fait même repeindre en rouge, agacé de devoir nettoyer en permanence les traces de messages laissées sur la carrosserie au rouge à lèvres ! A la fin de son service militaire, la star abandonne la 507 en Allemagne. L’armée américaine va se charger de transporter le véhicule aux Etats-Unis où il débute une nouvelle vie mouvementée. Selon la légende, Elvis l’aurait offerte à Ursula Andress quelques années après son retour aux États-Unis, où elle apparaît dans leur film musical commun L’Idole d’Acapulco de Richard Thorpe de 1963.

La 507 apparaît également dans l’un des trois films de la trilogie Fantomas d’André Hunebelle. Le modèle utilisé pour le film est la voiture personnelle de Jean Marais, amateur éclairé de voiture de sport et de BMW en particulier.

La BMW d'Elvis adjugée 1 650 000 dollars à New York

La BMW d’Elvis adjugée 1 650 000 dollars à New York

BMW aux petits soins

Mise en vente sur le marché de l’occasion, elle trouve refuge chez un animateur radio peu précautionneux. Un nouveau propriétaire se porte alors acquéreur en 1968 avec la volonté de la restaurer… Enfin retrouvée, dans un état de délabrement avancé et sans son V8 de 150 cv, la BMW 507 d’Elvis est finalement vendue aux enchères en 2014 à New York, 1 650 000 dollars ! L’acquéreur n’est autre que BMW Group classic.

La BMW 507 d’Elvis restaurée

L’entreprise va alors, pendant 2 ans, entreprendre un travail de restauration magnifique. Elle lui redonne sa couleur d’origine, le blanc avec un décapage à l’acide complet de la carrosserie. La sellerie a été refaite. Les manivelles des vitres et poignées de portes sont réalisées en impression 3D. Le V8 est reconstitué à l’aide de pièces détachées d’origine.

Des enchères qui s’envolent

En dépit de son retentissant échec commercial, uniquement dû à son prix astronomique, la BMW 507 reste la voiture plus emblématique de la marque. La plupart des exemplaires aujourd’hui ont été restaurés. Les montants demandés lors des rares transactions atteignent des sommets. A l’instar des Ferrari, sa ligne fantastique la rend aujourd’hui inaccessible.

En héritage, la 507 aura laissé les ouïes latérales de requin, signe distinctif repris sur les roadsters Z3 et Z8 tout comme ce long capot plongeant vers l’avant. Car en vraie star de ciné elle ne veut pas mourir !

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