• Grand Prix de Monaco : l’essence du rocher


    Le Grand Prix de Monaco historique s’est déroulé mi-mai. Le Grand Prix de Formule 1 est attendu quant à lui, le dernier dimanche de mai. L’occasion de revenir sur une des plus anciennes courses automobiles, inégalée, tant son circuit en ville constitue un rendez-vous mythique .

    GP de Monaco -1960

    GP de Monaco -1960

    Disputée en Principauté, sur un circuit urbain conçu en 1929 et inspiré par les courses de Santa Monica ou Corona en Californie , il a, à cette époque, pour ambition d’ être une vitrine de la Principauté au même titre que le rallye automobile Monte-Carlo créé, quant à lui en 1911. Le petit territoire monégasque (1,5 km² à l’époque) limite le tracé du circuit qui n’offre pas beaucoup d’opportunités de dépassements. C’est son charme, la bagarre est intense.

    Première course en 1929 avec 16 pilotes

    La course inaugurale a lieu le 14 avril 1929. Seize pilotes prennent le départ du premier Grand Prix de Monaco sur une grille tirée au sort, remporté par William Grover-Williams, au volant d’une Bugatti.  Il boucle les cent tours du circuit de 3,180 km à une moyenne de 80 km/h… Interrompue pendant la guerre de 1938 à 1947, l’épreuve reprend en 1948 mais n’a pas lieu l’année suivante du fait du décès du Prince Louis II.

    Premier succès pour Fangio en 1950

    Le 21 mai 1950, le circuit accueille la seconde manche du premier championnat du monde des conducteurs. Dès le premier tour de la course, l’Italien Farina part à la faute à la sortie du virage du « Bureau de Tabac » et provoque ce qui reste encore aujourd’hui l’un des plus gros carambolages de l’histoire de la F1. Dix pilotes doivent abandonner. Juan Manuel Fangio à bord de son Alfa Roméo parvient à se faufiler au milieu des monoplaces abandonnées.  Débarrassé de ses principaux adversaires, l’Argentin remporte facilement son premier succès en championnat du monde.

    Grand Prix de Monaco - 1955

    Grand Prix de Monaco – 1955

    L’épreuve redevient en 1952 une course de voitures de sport mais le Grand Prix automobile de Monaco fait sa réapparition en 1955 au championnat du monde des conducteurs  pour ne plus jamais s’effacer du calendrier.

    Le circuit de Monaco serpente autour du port d’Hercule, dans les rues de Monte-Carlo et de La Condamine, enchaînant les virages serrés. La piste étroite est exigeante et rend les dépassements difficiles.

    Maurice Trintignant 1er vainqueur français

    Grand Prix de Monaco - Paul Hawkins - 1955

    Grand Prix de Monaco-Paul Hawkins -1955

    Lors de l’édition de 1955, les redoutables Mercedes W196 de Fangio et Moss cassent toutes les deux leur moteur. L’huile répandue sur la piste par la Mercedes de Moss est la cause probable de l’un des accidents les plus spectaculaires de l’histoire de la F1 puisqu’au freinage de la chicane, Alberto Ascari perd le contrôle de sa Lancia D50 qui plonge dans les eaux du port. Les hommes-grenouilles sauveront  de la noyade le malheureux, qui pour la petite histoire décédera quelques jours plus tard dans un autre accident à Monza.

    Grand Prix de Monaco 1955 - Maurice Trintignant vainqueur sur Ferrari

    Grand Prix de Monaco 1955 – Maurice Trintignant vainqueur sur Ferrari

    La course est remportée par Maurice Trintignant (Ferrari) qui devient le premier pilote français à remporter une épreuve du championnat du monde (voir image en haut de page). La tenue est digne de Chapal !

    Grand Prix de Monaco - Accident de Bandini en 1967

    Grand Prix de Monaco – Accident de Bandini en 1967

    Enfin en  1967,  à la lutte avec le futur vainqueur et futur champion du monde, Denny Hulme, l’Italien Lorenzo Bandini, à bout de forces, part à la faute à la chicane du port et heurte violemment les barrières. Prisonnier de sa voiture en flammes, il décédera de ses blessures trois jours plus tard. À la suite de ce drame, les organisateurs décident de réduire la longueur de l’épreuve de 100 à 80 tours, soit compte tenu des moyennes de l’époque, de 2 h 30 à 2 h de course.

    Accident de Lorenzo Bandini - 1967

    Accident de Lorenzo Bandini

    Il est peut de dire que le Grand Prix de Monaco est entré dans la légende au travers de ses grands pilotes, ses catastrophes et ce circuit si atypique qui donne un éclat indéniable à la Principauté.

    Aujourd’hui, Monaco organise une édition “Historique” tous les deux ans depuis 1997. Une belle rétrospective des bolides d’antan.

    Les 8 séries du Grand Prix Historique :

    Série A : Voitures de Grand Prix et Voiturettes d’avant-guerre
    Série B : Voitures de Grand Prix F1 et F2, construites avant 1961, moteur avant
    Série C : Voitures de Sport à moteur avant ayant couru de 1952 à 1955 inclus
    Série D : Monoplaces de Formule Junior, moteur avant, freins à tambour, de 1958 à 1960 inclus
    Série E : Voitures de Grand Prix de Formule 1- 1500, de 1961 à 1965 inclus
    Série F : Voitures de Grand Prix de Formule 1 de 1966 à 1972 inclus
    Série G : Voitures de Grand Prix de Formule 1 de 1973 à 1976 inclus
    Série H : « Solo Ferrari » Sport et GT à moteur avant et freins à tambours construites à partir du 1er janvier 1955

    Grand Prix Historique de Monaco 2016

    Grand Prix Historique de Monaco 2016

  • Festival de Cannes : entre Glamour et Scandale


    Le Festival de Cannes bat son plein et nous réserve chaque année son lot d’émotions. Il ne se passe pas une année sans qu’un sein  s’échappe d’une robe (Sophie Marceau), qu’un réalisateur soit prié de quitter le festival (Lars Von Tier), qu’une grève de photographes soit déclenchée à l’encontre d’une actrice (Isabelle Adjani), qu’un palmarès soit hué (Palme d’Or de Pulp Fiction)… mais pour ce qui est de la période qui nous intéresse à savoir les années 50, la décennie a également été riche en « affaires ».

    Le 11ème Festival de CANNES se déroule du 2 au 18 mai : vue en contre-plongée d'un photographe prenant en photo Jayne MANSFIELD souriante, une rose à la main, tous deux penchés à un balcon d'une chambre du Carlton lors du festival de Cannes en mai 1958.

    Vue en contre-plongée d’un photographe prenant en photo Jayne MANSFIELD souriante, une rose à la main, tous deux penchés à un balcon d’une chambre du Carlton lors du festival de Cannes en mai 1958.

    Petit retour en arrière pour commencer sur la création du Festival. Dans les années 30, le Festival de la Mostra de Venise est sous l’emprise du fascisme de Mussolini et de sa censure. La France veut alors créer un Festival du monde libre. Biarritz puis Cannes sont pressenties. Cette dernière remporte la palme ayant fait le choix de prendre à sa charge le financement du festival.

    Le 1er festival doit avoir lieu le 1er septembre 1939 avec la venue de vedettes américaines comme Gary Cooper… mais cette date coïncide avec la date du début de la seconde guerre mondiale. Le projet s’écroule. Il reprendra en septembre 1946 avec des problèmes de pénuries en tout genre et des problèmes techniques. Le festival se rode. Le palmarès est exponentiel et récompense à peu près tout le monde. Nous sommes sous l’ère diplomatique d’après-guerre, il ne faut vexer personne.

    Brigitte Bardot met Cannes dans sa poche

    Rendez-vous mondain affiché, le Festival prend son essor dans les années 50 avec l’arrivée des actrices américaines, italiennes et françaises qui feront, pour certaines d’entre elles, beaucoup parler d’elles.brigitte-bardot

    En 1953, la jeune Brigitte Bardot (encore brune), alors âgée de 18 ans, pose pour les photographes sur la plage avec la complicité du “vieux briscard” du cinéma américain : Kirk Douglas (ici avec son superbe maillot de bain). Naissance d’une légende. Brigitte Bardot prend déjà la pause : la presse loue son naturel,  sa naïveté, sa sensualité. Elle n’a pourtant que quelques apparitions au cinéma. Nous sommes à 3 ans de Et Dieu créa la femme qui fera sa renommée mondiale à Cannes.

    Simone Silva se met Cannes à dos

    Le scandale vient  en 1954, lors de la 8è édition du Festival. Tout commence lors d’un pique-nique aux îles de Lérins, la starlette anglaise de série B Simone Silva pose aux côtés de Robert Mitchum. Devant l’insistance des photographes, elle enlève le haut et dissimule sa poitrine avec la complicité ou  le « dévouement » de l’acteur américain. Les clichés provoquent un scandale. Elle se voit alors contrainte de quitter Cannes.

    Simone Silva : le cliché du scandale

    Simone Silva : le cliché du scandale

    En Amérique l’affaire prend de l’ampleur sous la pression de l’opinion publique. La délégation américaine décide de quitter le Festival. Robert Favre Le Bret, le délégué général, se rend aux États-Unis pour négocier et persuade les Américains de rester en compétition. Malgré tout, les producteurs interdisent à l’actrice Grace Kelly de participer au Festival devenu synonyme de débauche. Ce sera la fin de Simone Silva qui ne pourra plus faire de cinéma. Elle finira par se suicider trois ans plus tard.

    Grace Kelly fait rêver Cannes

    En 1955, Grace Kelly est malgré tout de retour. Elle vient présenter Le crime était presque parfait d’Hitchcock. Elle rencontre pour la première fois le Prince Rainier de Monaco. Au milieu des années 1950, faute de touristes, l’avenir de la Principauté de Monaco est incertain. Le prince Rainier III veut faire de la principauté le passage obligé de la Jet Set et souhaite se rapprocher des Etats-Unis. Aristote Onassis, proche de la famille royale va plus loin et suggère un mariage avec une actrice. Dès lors, tout est mis en œuvre pour pousser la belle Grace Kelly dans les bras de Rainier.grace_kelly

    Leurs fiançailles ont lieu le 6 janvier 1956 et le mariage le 17 avril. Anecdote : ce sont les studios Metro Goldwyn Mayer qui financeront en grande partie ce mariage.

    Jayne Mansfield fait sa star

    En mai 1958, Jayne Mansfield, rivale de Marilyn Monroe,  se rend au Festival de Cannes avec son mari, Mickey, acteur et ancien Mister Univers. Le buste et le muscle font sensation ! Elle est interviewée par Léon Zitrone. La France découvre alors son petit gloussement sensuel qui a participé à la naissance de son mythe.

    Jayne Mansfield à Cannes en mai 1958.

    Jayne Mansfield à Cannes en mai 1958

    Enfin, car il faut toujours finir par une belle histoire, en 1959, Romy Schneider (20 ans) et Alain Delon (23 ans), jeunes fiancés, irradient la Croisette par leur beauté (photo en haut de page).  Ils représentent à eux seuls le rendez-vous glamour français de l’année, un certain charme à la française, entre projecteurs, art de vivre, champagne et romantisme.

     

     

     




    Festival de Cannes – 1953 – INA

  • Studio Harcourt : le Portrait « Made in Paris »


    Souvenez-vous du temps où les salles de cinéma de quartier portaient les noms évocateurs de Palace, Rex, Capitole, Royal, Majestic. Le temps où les multiplexes n’existaient pas. A côté des caisses  les portraits de Jean Gabin, Brigitte Bardot, Alain Delon, Lino Ventura… vous accueillaient avec une signature mythique Studio Harcourt.

    Catherine Deneuve à l'âge de 4 ans en 1947

    Catherine Deneuve à l’âge de 4 ans en 1947

    Catherine Deneuve - 1960

    Catherine Deneuve en 1960

    Le studio de photographie Harcourt est créé en 1934 par Jacques et Jean Lacroix, éditeurs de magazines spécialisés (Guérir, Santé magazine, Archeologia, La Vie des bêtes,…) , Robert Ricci (fils de la couturière Nina Ricci) et Germaine Hirschfeld alias Cosette Harcourt, photographe.

     

    Le style Harcourt : l’éclairage

    Dans les années 30, les écrivains font le succès de l’image du studio Harcourt. Colette Harcourt, qui dirige le studio, impose du matériel de cinéma à l’instar de ce que proposait la Metro Goldwin Mayer pour ses photos. Le gros travail réalisé sur l’éclairage – la marque du studio Harcourt – fait la renommée du 49 avenue d’Iena. La haute bourgeoisie de l’époque se bouscule pour passer sous les objectifs.

    Cosette Harcourt, directrice du studio Harcourt

    Cosette Harcourt, directrice du studio Harcourt

    Grâce au carnet d’adresses de Cosette Harcourt  – c’est une amie de Coco Chanel – le studio prend son essor et se spécialise dans la photographie en noir et blanc avec comme modèles des personnalités parisiennes et françaises du cinéma et du milieu de la culture.

    Magazine Vedettes n° 137 du 24 juillet 1943

    Magazine Vedettes n°137 du 24 juillet 1943

    Elle s’emploie à créer une marque et un mythe. Les photographes œuvrent pour la marque mais s’effacent derrière ce style unique. Le “style Harcourt” et son halo clair-obscur, sur fond gris-noir, devient une référence pour les clients, synonyme de cinéma et de vedettes.

    C’est d’ailleurs au sein du magazine Vedettes, créé  par les frères Lacroix, que les photos des artistes sont diffusées comme Josephine Baker ou Marlene Dietrich.

    Jean Marais - 1943

    Jean Marais – 1943

    Joséphine Baker - 1939

    Joséphine Baker – 1939

    1939. la deuxième guerre mondiale éclate. Jacques Lacroix épouse Cosette Harcourt qui est juive. Les allemands prennent « d’assaut » le studio pour se faire photographier. Les intellectuels laissent place aux vedettes de cabaret de l’époque. 1945, les américains remplacent les allemands au studio Harcourt, tout l’Etat Major y passe.

    L’âge d’or : le cinéma des années 50 et 60

    Vint ensuite la génération de la nouvelle vague avec en chef de file Brigitte Bardot qui incarne la nouvelle jeunesse française. Du studio Harcourt Roland Barthes dira : «En France, on n’est pas acteur si l’on n’a pas été photographié par les Studios Harcourt » (Mythologies – 1957). C’est alors l’âge d’or du studio Harcourt. Le studio est partout  dans la presse et notamment celle des frères Lacroix, avec l’Agence France Presse, dans les cinémas où sont affichés les portraits des actrices et acteurs.

    Alain Delon

    Alain Delon

    Brigitte Bardot

    Brigitte Bardot

    Le studio est une des premières entreprises à démarcher la clientèle privée par téléphone. Quatre-vingt personnes travaillent alors au studio. De huit mille clients en 1940, le studio passe à neuf mille entre 1951 et 1958. Il y a plus d’un millier de clients par mois, soit une quarantaine de clients quotidiens. Cosette quitte le studio qu’elle avait créé en 1968 et meure en 1976 à l’âge de 76 ans laissant derrière elle un héritage artistique des plus élégants.

    Un fond de 5 millions de photos préservé

    Jack Lang alors ministre de la Culture achète le fonds de photos du studio en 1986, composé de 5 millions de négatifs allant de 1934 à 1991 et représentant plus de 300 000 personnes dont 1 500 célébrités. Le Fond Harcourt est actuellement administré et numérisé à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine et conservé au fort de Saint-Cyr à Montigny-le-Bretonneux.

    Ce fabuleux trésor trouve ses origines au travers de la passion que portait Cosette Harcourt pour le cinéma et le spectacle. C’est aujourd’hui une signature française, un style unique. Harcourt évolue avec son temps mais garde à jamais la maxime de Cosette « Chez Harcourt on est toujours beau ».

    Jean Dujardin

    Jean Dujardin

    Laëtitia Casta

    Laëtitia Casta

    Mélanie Doutey

    Mélanie Doutey

    portrait-of-doillon-lou-french-80b8-diaporama

    Lou Doillon

     

     

     

     

    Les modèles « harcourisés » s’appellent aujourd’hui Laetitia Casta, Jean Dujardin, Lou Doillon mais aussi Barbie, Harley Davidson, Minnie et même cocotte minute pour ses 100 ans. Il reste à tout jamais  l’atelier de portraits d’art made in Paris.

    www.studio-harcourt.eu

    Les 100 ans de la Cocotte minute en 1999

    Les 100 ans de la Cocotte minute en 1999

    Minnie Mouse

    Minnie Mouse

  • Coca-Cola : laboratoire du design pendant plus d’un siècle


    L’un des symboles de la réussite américaine a vu le jour en 1886. La boisson Coca Cola est inventé par un pharmacien. Le créateur de cette singulière innovation est John Pemberton.

    collection Coca ColaEn 1855, ce dernier  s’installe à Colombus. Il obtient un diplôme en pharmacie à Atlanta. Il invente des produits tels que la liqueur au gingembre, des pilules pour le foie, une teinture pour les cheveux ou encore un sirop pour la toux.

    Le vin français à l’origine du Coca Cola

    En 1886, la ville d’Atlanta impose l’interdiction du vin français qui contenait de l’alcool. C’est alors que John Pemberton va modifier ce vin pour obtenir un nouveau produit sans alcool. Ce nouveau sirop est composé de cannelle, d’orange, de noix de Kola, de Coriandre, de citron, de acide citrique, de caféine, de feuille de coca, de sucre, d’eau et de colorant caramel.

    Le soda n’obtient pas un grand succès  mais un employé de la pharmacie décide de remplacer l’eau par de l’eau gazeuse. Le goût est transformé. Les consommateurs adhèrent à ce nouveau produit. Elle est vivifiante, rafraîchissante et sans alcool. Le mythe est né.

    Le nom Coca-Cola quant à lui est donné par Frank Robinson, le comptable de Pemberton en référence aux feuilles de Cola et à la noix de Kola qui composent laboisson. Les médias commencent à  s’intéresser à ce nouveau produit. Coca Cola est vendu sur tout le territoire américain. En 1905, les bouteilles de Coca-Cola sont bouchées avec des capsules. Les bouteilles n’ont pas de forme spécifique. Seul le logo Coca-Cola permet de différencier la bouteille.

    Les bouteilles Coca Cola de 1899 à 1986

    Les bouteilles Coca Cola de 1899 à 1986

    Une bouteille reconnaissable même de nuit

    C’est dix ans plus tard en 1915, que les bouteilles prennent un nouveau design. Il se disait qu’on pouvait les  distinguer  “au toucher même quand il fait nuit”. Cette forme de bouteille appelée La Dame au fourreau apparaît suite à un concours. Le grand gagnant de ce concours est la Root Glass Company, une usine de verre de Terre-Haute, dans l’Indiana. Face à 11 concurrents, Alexander Samuelson, souffleur de verre de cette compagnie donne naissance à la bouteille Coca.

    Si Coca-Cola est connu pour son goût unique, la marque est aussi célèbre pour ses objets cultes. Quelques années seulement après le lancement de la boisson, le matraquage publicitaire est mis en place par la Coca-Cola Company pour faire connaître la boisson, qui se fait par le biais d’affiches mais aussi d’objets du quotidien.

    Une bouteille en verre brevetée

    Ainsi en 1913, pas moins de cent millions d’objets griffés Coca-Cola sont recensés : 50.000 thermomètres, 20 millions de buvards ou encore un million de calendriers. Mais le premier objet culte par excellence est l’éventail. Elle n’apparaît en France qu’en 1919 à l’issue de la première guerre mondiale.

    Les objets collectors les plus prisés sont sans doute les premiers verres qui ont servi à populariser le Coca-Cola auprès du grand public. Pour accompagner ce service, des plateaux qui reprennent les visages féminins des affiches sont produits en masse. Puis, suivent des lampes, des portefeuilles, des miroirs, des almanachs, des livres de cuisine, des horloges, des montres, des couteaux de poche et des décapsuleurs et même des appareils photo.

    Camera Coca Cola

    Camera Coca Cola

    La bouteille Coca-cola  est devenue un objet culte. Fait unique dans l’histoire des brevets américains, l’emballage est breveté comme marque.

    Un Père Noël qui passe du vert au rouge à cause de Coca

    Dès les années 1930, la Coca-Cola Company, qui a compris l’intérêt publicitaire que pouvait représenter le Père Noël, lance une méga campagne de pub à travers le monde. La marque s’approprie le personnage et l’habille de rouge et blanc aux couleurs de la marque dans le monde entier.

    La marque le représente en train de boire le breuvage gazéifié sucré à grandes goulées pour reprendre des forces pendant la distribution de jouets. De quoi populariser le personnage aux quatre coins du globe tout en vantant les mérites du coca, y compris l’hiver. Un coup de maître.

    La pin-up au service de la marque

    A la fin des années 40, le designer Raymond Loewy oeuvre pour Coca Cola. Il est chargé de moderniser les équipements de distribution comme la fontaine distributeur Dole Deluxe en 1947, un incontournable. Le camion Hobbs est aussi modernisé pour faciliter la livraison. Le  refroidisseur, quant à lui, a bénéficié de nouvelles fonctionnalités .

    Camion Hobbs

    Camion Hobbs

    Les couvercles ont été conçus pour s’ouvrir sur l’avant plutôt que sur les côtés. Loewy a ajouté un ouvre-bouteille à l’avant de la machine avec un conteneur pour capturer les couronnes et a même ajouté le message «Avoir un Coke” à la porte (voir photo en haut de page).

    Dole Deluxe fountain Coca Cola - 1947

    Dole Deluxe fountain Coca Cola – 1947

    Dans les années 50-60, Elvis Presley, Marilyn Monroe, Frank Sinatra et Steve McQueen… tous ont été photographié avec la célèbre bouteille à la main. Au cours  de ces années, la marque surfe sur le Glamour avec les  figures les plus utilisées dans la publicité : les pin-up girl  que le célèbre dessinateur Gil Elvgren produit pour la marque.

    A la sortie de la guerre, la pin-up est révélatrice de l’utilisation du corps féminin comme symbole d’une société optimiste en pleine croissance économique. Elle est utilisée par la publicité mais aussi par la presse en raison de son efficacité prouvée et testée. La pin-up s’adresse à la fois aux hommes et aux femmes. Son érotisme léger et conventionnel permet de vendre les produits sans grande difficulté.

    Illustration Gil Elvgren pour Coca Cola

    Illustration Gil Elvgren pour Coca Cola

    Les objets sont tellement nombreux qu’il n’est pas difficile d’en trouver. On peut dénicher de belles affiches pour 35 euros sur internet. L’objet recherché étant la glacière qui se négocie aux alentours de 400 euros.

    Coca Cola a cette particularité d’avoir parcouru plus d’un siècle d’existence avec un mono produit mais une créativité sans limite.

  • Kodak : Appuyez, nous ferons le reste !


    Kodak Hawkeye Flash - 1950-1961

    Kodak Hawkeye Flash – 1950-1961

    Dans les années 50, les appareils Kodak fabriqués en France connurent un vrai succès. Aidé en cela par  le gouvernement français qui souhaitait relancer les industries mécaniques et avait instauré des quotas d’importation très stricts (il y avait 3 usines en France à Vincennes, Sevran et Chalon-sur-Saône).

    A l’époque Kodak n’hésitait pas à innover et proposer une gamme complète d’appareil  pour le « premier communiant » au féru de photographie. Présentation.

    Kodak Brownie

    Kodak Brownie

    La légende : le Kodak Brownie

    Le célèbre Kodak Brownie Flash était le modèle que l’on offrait aux enfants à Noël ou aux communions. Il pouvait être offert seul dans une boîte carton standard, ou accompagné de son gros flash à lampe. Sa sacoche TP permettait  de prendre une photo sans extraire l’appareil de la housse de transport en cuir. Il était muni d’un seul viseur de poitrine.

    Le Brownie Flash B, en forme de box produit en Angleterre était également très beau avec son aspect bois et peau tannée (photo en haut de page). Il est difficile à trouver aujourd’hui.

    Kodak Retinette

    Kodak Retinette

    Mais dans les années 50, Kodak propose aussi toute une série d’appareils 24 x 36 de qualité appelée « Retinette »  et « Retina ».  Les Retinette, les Retina sont le haut de gamme de la marque. De nombreuses versions seront  produites durant 25 ans.

    Révolution : des photos 28×28

    En 1963, Kodak crée la révolution en proposant un appareil photo proposant un  format d’image carré 28 x 28 mm : l’Instamatic !

    Kodak Instamatic

    Kodak Instamatic

    De très nombreux modèles seront produits pendant 20 ans, pour la plupart des modèles populaires très simples avec son fameux flash « cube ».

    Les Etats-Unis ont aussi produit de très beaux appareils, notamment le Bull’Eye et le Starflash tout droit sortis d’un film de gangsters.

    kodak Starflash

    Kodak Starflash 1960-1965

    Côté collection, on trouve des Kodak Brownie Flash pour 10 euros dans les vides greniers. C’est un appareil très courant qui a été produit à des dizaines de milliers d’exemplaires. Il constitue une belle opportunité  pour ceux qui souhaiteraient entamer une collection ou l’utiliser comme objet déco dans un salon.

  • Raymond LOEWY : le Frenchy, star du design américain


    Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant. Raymond Loewy, né le 5 novembre 1893 à Paris est le père des nouvelles lignes de la bouteille Coca, des logos Lucky Strike, Shell, LU, des Studebaker des années 50, de l’aménagement intérieur du Concorde.

    Raymond Loewy

    Raymond Loewy

    Raymond Loewy fait ses études au lycée Chaptal à Paris. 1908 est une date clé. Il assiste au vol du Franco-Brésilien Santos Dumont. Pionnier de l’aviation, connu pour avoir construit de nombreux dirigeables  et aéronefs. Impressionné, le jeune Raymond rentre chez lui et conçoit un avion-jouet propulsé par un élastique qu’il baptise Ayrel. Ni une ni deux, il brevette cette invention et  remporte à 16 ans le premier prix de la célèbre James Gordon Benett Cup.

    Illustrateur de mode à New York

    1914, la première guerre éclate, il sert dans l’armée française et est décoré de la Légion d’honneur à titre militaire. Il part pour New York  en 1919 avec 40 dollars en poche et une lettre de recommandation pour le magazine Vogue. Déjà, le style est incontournable chez Raymond Loewy. Son visage est parée d’ une belle moustache « aérodynamique » qui rappelle ses origines françaises. Elle devient vite symbole du glamour hollywoodien à la Clark Gable.
    Raymond-Loewy (1)À New York, il trouve du travail comme étalagiste pour le grand magasin Macy’s qui le mettra à la porte pour avoir osé révolutionner la devanture du magasin. Il devient alors illustrateur de mode pour les journaux Vogue et Harper’s Bazaar.

    Un premier client nommé Gestetner

    Duplicateur désigné par Raymond Loewy

    Duplicateur désigné par Raymond Loewy

    Commencent alors dix années de galères jusqu’en 1929. A cette date, il obtient le poste de directeur artistique de Westinghouse. Un an plus tard, il ouvre sa propre agence de design Raymond Loewy. Sa première commande en tant que designer industriel est de moderniser la machine à dupliquer, le cyclostyle, inventée par David Gestetner.
    À partir d’un duplicateur «moche et qui sentait mauvais», Loewy façonne un nouveau prototype en argile, qui chamboule par sa silhouette profilée tout ce qui existe dans le domaine. La carrière de Loewy est lancée.

    Coca Cola, Shell et Lucky strike

    Réfrégirateur Coldspot en 1934

    Réfrégirateur Coldspot en 1934

    Les années 1930 le voient travailler pour Coca Cola, Shell dont il dessine le logo. Roebuck and Company lui commande le design du réfrigérateur Coldspot en 1934 (dont SMEG s’inspirera du style). Les ventes exploseront de 60 000 à 275 000 unités.

    En 1938, il est naturalisé citoyen américain. Automne 1940, c’est le patron d’American Tobacco qui le provoque en lui lançant le défi de relooker les paquets Lucky Stricke. Au bout  de six mois,  il impose un paquet d’un blanc intense et non plus vert encore en cours 60 ans après. Le design du paquet Lucky Strike remodelé par Loewy attirera un nouveau public féminin.loewylucky

    Loewy Champion de Studebaker

    Raymond Loewy est aussi associé au transport. Pour le chemin de fer de Pennsylvanie, il dessine les locomotives K4s, S1, T1 et la GG1. La collaboration avec Studebaker, débutée en 1936, continue et donne naissance en 1947 à la Studebaker Champion, en 1953 à la Studebaker Commander et à la Studebaker Avanti en 1961 (présentée sur ce blog à la rubrique « Motorama »).

    Studebaker Champion - 1953

    Studebaker Champion – 1953

    Son credo? Que ses monstres aérodynamiques donnent l’impression de vitesse même à l’arrêt.
    En réalité, sa grande intuition date de ses premiers pas aux États-Unis. L’émigrant français fasciné par son pays d’accueil découvre une nation jeune et industrieuse. À l’époque, la Ford T, dont un modèle unique sort d’usine chaque minute, n’est disponible qu’en une seule couleur: le noir. Loewy se demande comment un pays aussi puissant et dynamique peut consommer des produits aussi grossiers et  bruyants. Loewy aura de cesse d’œuvrer pour annihiler  ses quatre parasites :  le bruit, les vibrations, la résistance à l’eau ou à l’air et enfin les odeurs. Plus tard, il donnera sa vision de la mythique Jaguar Type E baptisé Type E Loewy.

    La couverture du Time et Air Force One

    Il fait la couverture du Time en 1949 en grand capitaine d’industrie qui endosse l’émergence du premier véritable style américain: le Streamline. 101353003291378En 1953, il revient vers ses sources françaises et fonde, à Paris, la Compagnie de l’esthétique industrielle dirigée au départ par le designer et proche collaborateur Harold Barnett. The New YorkerDe ces bureaux sont issus les logos pour les biscuits LU (1957), la marque de prêt-à-porter New Man (1969) dont la particularité est qu’il peut se lire à l’endroit comme à l’envers. En 1963, son agence compte 250 collaborateurs.

    Le président J.F. Kennedy lui commande alors la décoration de l’Air Force One. En 1976, toujours dans l’aéronautique, l’aménagement intérieur du Concorde et de ses plateaux-repas lui est confié par Air France.
    La même année, il réalise le design de l’intérieur de la station spatiale Skylab pour la NASA. Son nom restera associé aussi au logo BP dont il est le créateur.

    Loewy prit sa retraite à l’âge de 87 ans, en 1980, et retourna s’installer dans sa France natale. Il meurt dans sa résidence de Monte-Carlo en 1986. Il est enterré au cimetière de Rochefort-en-Yvelines. 1947 Dole Deluxe fountain
    En 1992, Viola Loewy, sa fille, et le British American Tobacco ont créé la Fondation Raymond Loewy à Hambourg, en Allemagne. La fondation a été créée pour récompenser les initiatives dans le monde du design industriel à l’international, ainsi que de préserver le souvenir de Raymond Loewy. Un prix annuel de 50 000 € est délivré aux designers les plus méritants. Philippe Starck l’a remporté en 2004. 7d42dc9bdafa27fa58e93c755cab8707En 1988, Laurence Loewy a créé Loewy Design à Atlanta pour gérer les actifs de son père aux États-Unis dans le but d’ouvrir le Musée du design industriel Raymond Loewy.

    L’oeuf sa forme parfaite

    Il est parfois critiqué pour avoir assumé seul le crédit de designs dont il n’était que partiellement responsable ou de projets dans lesquels il n’eut que peu d’implication. Quelquefois, les allures aérodynamiques voulues par Loewy pour ses objets ont nui à leur fonctionnalité. C’est ce qui est arrivé pour le métro de New York avec des portes inclinées de 15°.

    Roi de la formule il disait «tous les objets peuvent être redessinés sauf les cercueils et les grenades». Son seul regret : «N’avoir pas créé l’œuf, cette forme parfaite.» Philishave 7735, designed by Raymond Loewy, 1948Designer mondialement reconnu qui a su épouser le formidable vent d’ingéniosité des trente glorieuses, le monde du cinéma lui rendit hommage avec le film Aviator de Martin Scorsese sorti en 2004.

  • Bowden Spacelander : l’histoire du vélo maudit


    Le vélo c’est parfois comme les tableaux : ils deviennent mythiques après des décennies d’oubli. Le Bowden Spacelander est de ceux-là. Vélo aujourd’hui  prisé des ventes aux enchères, ses lignes rétrofuturistes en font une icône.

    (suite…)


Suivez nous :