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Raymond Cauchetier : l’ektachrome de la Nouvelle Vague

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  • Raymond Cauchetier : l’ektachrome de la Nouvelle Vague


    Une exposition consacrée à la Nouvelle vague se tient à la galerie Joseph dans le IIIè arrondissement de Paris  jusqu’au 16 septembre 2018. L’occasion de découvrir le travail formidable du photographe Raymond Cauchetier.

    Raymond Cauchetier a 99 ans aujourd’hui. Avec Georges Pierre, décédé en 2003, il a couvert 95% des films de la Nouvelle Vague. : Godard, Truffaut, Chabrol, Resnais… «  On ne savait pas qu’on vivait des moments exceptionnels » avouera-t-il.

    Jean-Paul Belmondo dans ‘A bout de souffle’ de Jean-Luc Godard

    Les portraits notamment sont magnifiques, Jean Seberg est sublime et Belmondo s’installe comme la gueule de cinéma français

    Ses photos ont fait le tour du monde et pourtant il est resté inconnu, car l’auteur n’était jamais crédité, il fallut plus de 50 ans pour qu’il en récupère une partie des droits et fasse connaitre son nom.

    Saigon en 1955 – Photo de Raymond Cauchetier

    Sa vie est un vrai film. Son seul diplôme est celui de l’école primaire. Il fut résistant pendant la guerre, participa à la libération de Paris, fut chef du service de l’information du commandement de l’air en Indochine et publia à 10 000 exemplaires un premier album Ciel de guerre en Indochine. Il constitua également une énorme archive de 3.000 photographies du patrimoine indochinois à la demande du roi du Cambodge, trésor aujourd’hui disparu car détruit par les Khmers rouges lors de la prise du palais royal.

    Retour en images sur les photos marquantes du photographe :

    Jean-Paul Belmondo & Jean Seberg dans A bout de souffle (1959), Jean-Luc Godard © Raymond Cauchetier

    Dans A bout de souffle le baiser hâtif en septembre 1959 entre Seberg et Belmondo marquait le terme d’un long panoramique filmé du dernier étage des Champs-Elysées. «Il était quasi invisible vu des toits, raconte le photographe Raymond Cauchetier. Il m’a semblé que ce bref instant pouvait résumer l’esprit du film et j’ai demandé aux comédiens de rejouer la scène. » Un cliché largement repris pour la promo du film.

    Jean Seberg sur le tournage de A bout de souffle terrorisée par les méthodes de Jean-Luc Godard.

    Toujours dans ce même film lors du premier jour de tournage de Jean Seberg. Dans un café, elle fait face à Godard, qui lui montre un cahier griffonné. « Que dois-je dire, que dois-je faire ? », s’affole la comédienne. « Je vous le dirai pendant le tournage », lui répond le réalisateur. « Elle était paniquée par la façon de travailler de Jean-Luc Godard », détaille Raymond Cauchetier. Quant à Belmondo, présent depuis une semaine, il sait que le tournage se déroule dans l’improvisation la plus totale. « Il était toujours agréable et souriant. C’est l’une des personnes les plus sympathiques que je connaisse, qui n’a jamais pris la grosse tête. »

    Dans Adieu Philippine film de 1960, Jacques Rozier dirige un travelling sur le toit d’une 2 CV, à Calvi, en Corse. «Le chef opérateur Roger Mathelin découvre que la suspension est idéale pour remplacer les chariots de travelling, à condition de la lester lourdement, raconte Raymond Cauchetier. Toute l’équipe technique est montée pour une prise de vues sur un chemin cahoteux, en dégonflant les pneus de la CV. »

    Un choix de photos difficile à faire tant les clichés noir et blanc sont magnifiques, témoins d’une époque insouciante où le cinéma français marquait son époque.

    Jean-Paul Belmondo… de dos et Jean Seberg sur le tournage d’A bout de souffle.

    Exposition Icônes de la Nouvelle Vague aux années 1970, jusqu’au 16 septembre 2018 à la Galerie Joseph, 16, rue des Minimes (IIIe). Ouvert tous les jours de 10 heures à 20 heures. Entrée libre.

  • Jean Seberg : Icône à bout de souffle


    Jean Seberg. Voici  une actrice au style intemporel qui incarne encore aujourd’hui un idéal féminin. Son style avec ses cheveux courts est reconnaissable entre tous et à jamais associé à Jean-Paul Belmondo dans le film A bout de souffle de Jean-Luc Godard en 1960.

    Jean Seberg dans Sainte Jeanne d’Otto Preminger

    Née le 13 novembre 1938 à Marshalltown dans l’Iowa, fille de pharmacien, sa famille est d’origine suédoise.  A l’adolescence elle se passionne pour Marlon Brando et fait du théâtre.  Après ses années d’université, choisie parmi 18 000 candidates, elle tourne son premier film en 1957, Sainte Jeanne sous la direction d’Otto Preminger, dans laquelle elle tient le rôle de Jeanne d’Arc. Dans la foulée, elle jouera dans Bonjour tristesse du même réalisateur.

    En octobre 1958, elle épouse l’acteur, réalisateur et producteur français François Moreuil  et vient vivre à Paris. Avocat d’affaires de son premier métier, Moreuil  réussi à renégocier le contrat d’exclusivité qui liait sa future femme à Preminger en le revendant à Colombia. Cette même année, elle joue sous sa  direction dans le film La Récréation d’après une nouvelle de François Sagan.

    Jean Seberg et Romain Gary

    Un peu avant les fêtes de Noël  1959, au consulat français de Los Angeles, Jean rencontre l’écrivain et diplomate de 24 ans son aîné, Romain Gary. C’est le coup de foudre et le printemps suivant elle  s’installe avec ce dernier. Ils auront un fils Alexandre en 1962.

    A bout de souffle, une légende naît 

    En 1960, elle tourne A bout de souffle, de Jean-Luc Godard, avec Jean-Paul Belmondo. Elle devient l’icône de la Nouvelle Vague. Sa fraîcheur, sa beauté et sa spontanéité font des ravages. Elle y interprète Patricia Franchini, vendeuse de journaux sur les Champs-Élysées qui résiste aux avances d’un jeune voyou joué par Belmondo.

    Le film Lilith tourné en 1964 par Robert Rossen sera son meilleur film, révélateur de sa personnalité. L’histoire ? De retour de l’armée, Vincent Bruce, joué par Warren Beatty, trouve un travail dans une clinique psychiatrique. Il se laisse peu à peu séduire par Lilith Arthur (Jean Seberg), jeune patiente de l’établissement, atteinte d’une forme de schizophrénie.

    Warren Beatty avec Jean Seberg dans le film Lilith

    Jean Seberg dans Airport de George Seaton – 1970

    En 1969, elle apparaît dans ce qui sera sa seule comédie musicale, La Kermesse de l’Ouest (Paint Your Wagon), adapté d’un spectacle de Lerner et Lowe. Elle joue en compagnie de Lee Marvin et Clint Eastwood. Elle a une liaison avec ce dernier ce qui précipitera sa séparation avec Romain Gary. Puis tourne dans Airport un des tout premiers succès de la vague des films catastrophe des années 1970.

    Dans la mouvance des Black panthers

    Jean Seberg est une des premières actrices (blanches) à dénoncer la  ségrégation raciale aux Etats-Unis. Le FBI la soupçonne de tisser des liens avec les Black Panthers. A juste titre. Maîtresse de Hakim Jamal, cousin de Malcom X et fondateur de l’Organisation de l’unité afro-américaine, un groupe révolutionnaire proche des Black Panthers, elle vit une relation tumultueuse. Durant l’été 1970, la presse (aidée par le FBI) révèle cette union qui fait scandale. Alors qu’elle est enceinte de sept mois, elle tente de se suicider. La petite Nina meurt deux jours plus tard. Jean la fait enterrer dans un cercueil de verre afin que tous puissent voir qu’elle était blanche. Le véritable père est en effet Carlos Navarra, un étudiant révolutionnaire rencontré lors d’un tournage au Mexique. Sombrant dans la dépression, elle devient dépendante à l’alcool et aux médicaments. Plusieurs fois hospitalisée et internée, elle est victime de crises de démence et tente encore de se suicider, le plus souvent aux dates anniversaires du décès de sa fille.

    En 1972, elle épouse en troisièmes noces, Dennis Berry, réalisateur et fils de John Berry puis en mai 1979 avec Ahmed Hasni , Algérien mythomane lié à un trafic de stupéfiants qui la dépouille financièrement. Le 30 août 1979, elle est portée disparue, Hasni déclare qu’elle est partie de son appartement 125 rue de Longchamp, nue sous son manteau, avec pour seul bagage une bouteille d’eau. Son corps est retrouvé le 8 septembre, enroulé dans une couverture à l’arrière de sa Renault blanche rue du Général Appert dans le XVIe arrondissement de Paris, près de son domicile. On trouve dans sa main un mot d’adieu adressé à son fils Alexandre. Le rapport d’autopsie indique qu’elle a succombé à une surdose massive de barbituriques mais aussi d’alcool (8,2 g par litre de sang). Bien qu’incapable de conduire avec une telle alcoolémie, l’enquête de police conclut au suicide.

    Elle est enterrée dans la treizième division du cimetière du Montparnasse. Une icône de la Nouvelle vague s’en est allée. A bout de souffle.

     

     

     

  • The Race of Gentlemen : à l’origine du Hot Rod


    Depuis 2011, tous les ans à l’approche de l’été se tient sur la plage de Wilwood dans le New Jersey : The Race of Gentlemen. Une course 100 % «made in USA» datant de 1947. Le concept : des courses deux par deux en hot rod ou moto sur une plage de sable dur. Ambiance 30’s et 40’s garantie.

    L’histoire démarre avec la création du club des Oilers emmené par Jim Nelson à Carlsbad en Californie. Une idée : la vitesse. Des runs sauvages sont organisés sur les plages et le célèbre lac salé de Bonneville, théâtre bien après des records des prototypes les plus fous. Sur la côte Est point de lac salé mais une plage de sable dur battue par la marée : Wilwood.

    A deux heures au sud de New York, cette nation balnéaire concentre le plus beau rassemblement de Hot Rod, d’Indians ou de Harley Davidson des années 30 et 40.  Ici aucune référence au monde moderne même le top départ est donnée à l’ancienne avec une Flight girl et non des feux. Les numéros doivent être peints sur les carrosseries, l’autocollant est banni. Mais revenons aux origines.

    Les GI’s américains revenant de la seconde guerre mondiale récupéraient les vieilles Ford et autres mamies stockées au fond du jardin et les bidouillaient. Les moteurs n’allaient pas forcément avec les châssis d’origine. Qu’importe !

    Daytona Beach en 1940

     

    Dans les années 30 et 40 les circuits étaient rares. Alors on se mesurait sur les plages. Des plages squattées à l’époque par les classic cars sans que personne ne trouve à y redire. Impensable aujourd’hui.

    A Wilwood, vous devez être sélectionné, de rares français ont le privilège d’y participer. Votre véhicule est inspecté, le plastique n’est pas toléré. Les motos doivent avoir été construite avant 1950 et les Hot Rods avant 1940. Même la dépanneuse et le marchand de glaces sont d’époque.

    Les courses se déroulent par deux sur 200 mètres. Il faut se battre avec le sable, les vents et la marée qui elle seule décide des horaires. Mythique !

     

  • Le Mans Classic : une édition 2018 historique


    Un nombre toujours croissant de voitures de course historiques, de pilotes venus du monde entier, de voitures de clubs, d’exposants et d’animations confirme l’indiscutable montée en puissance du Mans Classic depuis sa création en 2002.

    Plus de 135 000 spectateurs

    Organisée conjointement par Peter Auto et l’Automobile Club de l’Ouest, cet événement biennal, rétrospective pléthorique et exceptionnelle de l’Histoire de la mythique course de 24 Heures suscite l’engouement de collectionneurs toujours plus nombreux à venir profiter de cette occasion unique de rouler sur le grand tracé. Mais également du public, encore plus abondant que lors des éditions précédentes. En témoigne le nouveau record d’affluence avec 135 0000 spectateurs, toutes générations confondues, présents ce week-end pour l’événement. Soit une augmentation de 10% par rapport à la précédente édition en 2016.

    Photo ©Stéphanie Bézard

    A 16 heures, dimanche, le drapeau à damier s’est abaissé sur la 9ème édition du Mans Classic. Une météo exceptionnelle, deux tours d’horloge remontant le temps de l’histoire de la plus grande course d’endurance du monde sur une période allant de 1923 à 2016, plus de 700 modèles de compétition historiques, plus de 1 000 pilotes de trente nationalités, dix anciens vainqueurs des 24 Heures, neuf plateaux de course, des parades et démonstrations en piste, 8 500 voitures représentant 200 clubs de 60 marques, les célébrations du 70ème anniversaire de Porsche et du 40ème anniversaire de la victoire d’Alpine aux 24 Heures du Mans, la vente aux enchères Artcurial Motorcars, le concours Le Mans Heritage Club, Little Big Mans, deux cents exposants dédiés à l’univers automobile et “vintage”… Tous les ingrédients étaient réunis pour que cette grand-messe de l’automobile s’inscrive dans la continuité des précédentes.

    Jaguar Classic Challenge. Photo ©Mathieu Bonnevie

    Après les premières parades des voitures des clubs et celle de Le Mans Heritage Club proposant 24 modèles qui ont marqué l’histoire de l’épreuve sarthoise, c’est le plateau Jaguar Classic Challenge qui entamait le programme des courses. En piste, près de soixante voitures qui ont forgé la légende de la marque de Coventry (Type C, D, E, XK et Mk I et II) pour une course d’une heure remportée par l’Anglais Martin O’Connell au volant d’une Type E.

    Photo ©Laurent Cartalade

    Plus récents et tout aussi incontournables de l’histoire du Mans, les prototypes du Group C étaient de retour sur leur terrain de jeu favori pour la deuxième édition consécutive avec une grille de départ composée de quarante des plus beaux exemplaires de la discipline : Porsche 956 et 962, Jaguar XJR 8, 9, 11, 12 et 14, Peugeot 905, Toyota 85C, Nissan R90, Courage C26, Rondeau M382 et autres Spice, Tiga, ALD. L’occasion pour le public de revivre ce que les spécialistes considèrent comme l’âge d’or de l’endurance durant une course de 45 minutes gagnée par le Britannique Michael Lyons avec une Gebhardt C91 de 1991.

    Les 70 ans de Porsche

    Pour célébrer les 70 ans de Porsche, une parade exceptionnelle s’élançait pour un tour de circuit. En tête, le premier modèle construit par la marque, la 356 n°1 homologuée le 8 juin 1948, conduite pour l’occasion par Félix Porsche, le petit-fils de Ferry Porsche, fondateur de la marque, et Felix Lange, cousin de Felix Porsche et petit-fils de Ferdinand Piëch. Provenant également du Porsche Museum de Stuttgart, suivaient une 356 SL Coupé (1951), une 911 Carrera RSR (1973) confiée à Derek Bell (quintuple vainqueur des 24 Heures du Mans), une 911 2.5 ST avec Marc Meurer (Directeur Général de Porsche France), une 906 Carrera 6 (1966) avec Romain Dumas (double vainqueur de la course), une 908/3 (1970) avec Henri Pescarolo (quadruple vainqueur), une 962 avec Richard Mille (partenaire principal du Mans Classic avec EFG), la GT1 victorieuse de l’édition 1998 avec Stéphane Ortelli (l’un des trois pilotes de l’équipage vainqueur). De quoi retracer chaque décennie de l’histoire sportive de Porsche…

    Photo ©Mathieu Bonnevie

    De compétition, il était justement question dans les minutes suivantes avec la Porsche Classic Race Le Mans. Organisée en collaboration avec Porsche France pour célébrer cet anniversaire historique, cette course d’une heure a réuni plus de 70 Porsche de 1952 à 1973, de la 356 Pré-A à la 911 RSR 2.8L, en passant par les 904 Carrera GTS, 906 Carrera 6, 910 ou encore 914/6. Et vu la victoire de la 908 LH pilotée par le Français Ewens Stievenart.

    Cadillac series 62 de 1952 Photo ©Kristof Vermeulen

    Pour Pierre Fillon, Président de l’Automobile Club de l’Ouest : “Le succès de cette 9ème édition du Mans Classic est évidemment une satisfaction, mais surtout aussi une très grande fierté et un immense plaisir pour nous, organisateur avec Peter Auto. L’engouement de tous ces concurrents, de ces collectionneurs, des exposants et surtout de ces très nombreux spectateurs pour ces machines qui ont couru les 24 Heures du Mans ou évolué en Endurance, témoigne de la Légende toujours bien vivante de cette discipline et de cette course mythique. Cette réussite conforte notre mission, à l’ACO, au quotidien, à savoir: poursuivre et impulser l’histoire des 24 Heures au présent et au futur.”

    Photo ©Pierre-Yves Riom

    A l’issue de cette édition de tous les records, qui ne cesse de confirmer le succès du Mans Classic auprès d’un public fidèle et d’un nombre important de nouveaux visiteurs, les regards sont déjà tournés vers 2020, année qui célèbrera la 10ème édition de l’événement.

    Et si on faisait un tour de circuit en Maserati T61 Birdcage (1960) ?

  • Au service de la France : série à (re)garder secret défense


    C’est @BenjaminCholeau qui après avoir oeuvré sur la Manic GT,  nous a parlé, une fois n’est pas coutume, d’une série française à ne pas rater. Ce petit bijou est actuellement diffusé sur Arte . Jean-François Halin, scénariste des “OSS 117”, nous propose ainsi “Au service de la France“. Un série humoristique d’espionnage, de contre-espionnage et de coups de tampons, beaucoup de coups de tampons. Explications.

    L’histoire se déroule en 1960 du temps du Général de Gaulle. Nous suivons André Merlaux (interprété par Hugo Becker), jeune homme de 23 ans, tout juste recruté en tant que stagiaire aux services secrets français. Lors de son cursus d’espion, qui restera classé confidentiel dans cette article, il nous emmène lors de son apprentissage à Alger, puis du côté du bloc de l’Est, ou encore à Cardiff, assister au match Pays de Galles France lors du Tournoi des Cinq Nations. A la fin de la saison, il finira “CONFIDENTIEL”, comme son père…

    La série “humorise” la mentalité , le sexisme et la géopolitique de cette époque, tout en gardant un fond de vérité.

    Produite par les chaînes de télévisions Arte et TV5 et la société de production Mandarin Cinéma, la saison 1 de 12 épisodes de 25 minutes, a déjà été diffusée sur Arte en 2015.

    Ils sont actuellement disponibles en replay sur Arte.

    La saison 2 débute ce jeudi 5 juillet, les 3 premiers épisodes de cette nouvelle saison sont également disponibles sur Arte.

    by @BenjaminCholeau

  • Cédric Faiche : Portrait en 10 questions vintage


    Dans la série “Portrait en 10 questions vintage”, après François Allain de Vintage Mecanic, Pierre Fillon organisateur des 24h du Mans pour ACO, Le Tone de Top Gear France et Gerry Blyenberg pour Wheeler Dealers France, nous voici partis directement Outre-Atlantique à la rencontre de Cédric Faiche, Correspondant aux Etats-Unis pour BFM TV. Sa tête vous dira sûrement quelque chose… tant les frasques de Donald sont nombreuses et rendent l’actualité américaine aussi riche qu’Hugh Hefner  . Cédric Faiche est aussi un vrai passionné d’automobiles et ses préférées du côté de l’Oncle Sam ont du style. Ce passionné d’histoire, de cinéma et d’automobile devait figurer  sur le mur de la rédaction en bonne place.

    • Quelle est votre voiture américaine des 50’s ou 60’s préférée ? 

    Film Tucker de Francis “Ford” Coppola

    Cédric Faiche : Pour le symbole, j’adore la Tucker. Preston Tucker était un entrepreneur américain, rêveur assez fou pour croire qu’il pourrait créer sa propre marque et construire une voiture révolutionnaire en concurrençant les trois constructeurs géants de Detroit, dans le berceau de l’automobile. Sa voiture était géniale mais il n’a pas pu en construire plus de 51 exemplaires. Francis Ford Coppola a fait un super film sur son aventure automobile.

    La Tucker en 1948

     

    Aujourd’hui, Elon Musk me fait penser à Preston Tucker. Comme lui, il ambitionne de révolutionner le marché automobile et il est seul face aux constructeurs du monde entier. J’espère qu’il ira plus loin que Tucker…

    Et sinon, j’aime beaucoup les Corvette C1 cabriolet et aussi la C2 coupé avec sa magnifique lunette arrière.

    • Quel(le) est votre acteur/actrice américain(e) des 50’s ou 60’s préférée ?

    Cédric Faiche : Pour rester dans l’ambiance automobile : Dustin Hoffman.

    Dustin Hoffman dans ‘The Graduate’ dans son Alfa Roméo Duetto

    Pourquoi automobile ? Parce que je l’ai découvert dans ‘The Graduate’ (Le lauréat), où il conduit notamment une Alfa Romeo Spider Duetto.

    Dustin Hoffman et Tom Cruise dans Rain Man à bord d’une Buick Roadmaster

    Et puis dans Rain man, il y a aussi beaucoup de belles voitures ! Les Lamborghini Countach du début du film que Tom Cruise a du mal à se faire livrer et la fameuse Buick Roadmaster du père de Cruise et Hoffman dans le film.

     

     

     

    • Quel(le) est votre chanteur/chanteuse américain(e) des 50’s ou 60’s préféré(e) ?

    Cédric Faiche : Je dirais Simon and Garfunkel et je me rends compte que mes réponses ont toutes un lien entre elles ! Car Simon and Garfunkel, c’est aussi la B.O du film The Graduate avec Mrs Robinson. J’adore leur album « Concert à Central Park ».

    Il m’arrive de l’écouter en courant dans Central Park. J’ai l’impression de voyager dans le temps quand ils parlent entre les chansons pour accueillir le public dans Central Park, remercier les autorités de la ville, le commissaire…

    • Quel est l’événement historique américain des 50’s ou 60’s qui vous a le plus marqué ?

    Cédric Faiche : Sans aucune hésitation, l’assassinat de JFK à Dallas le 22 novembre 1963. Je pense que ça m’a marqué quand j’étais enfant parce que c’était de l’histoire moderne (je suis né en 1973), et pour le symbole du président de la 1ère puissance mondiale abattu, c’était la preuve que rien n’était intouchable, que la vie pouvait être fragile pour tout le monde. Et puis JFK était un président star, par sa famille et sa vie personnelle.

    Plus tard, l’assassinat de John Lennon m’a encore plus choqué. J’ai ressenti encore plus d’incompréhension. J’avais 7 ans et je me souviens très bien de l’annonce de sa mort. Dès la 1ère fois que je suis venu à New York, je suis allé en face du Dakota hôtel, là où il a été abattu par un déséquilibré. Et à chaque fois que j’y retourne, je suis ému, je me rappelle où j’étais quand il est mort. J’y passe souvent en rentrant de courir à Central Park.

    • Quel est votre endroit fétiche aux Etats-Unis ?

    Cédric Faiche : Je ne me lasse pas de la Statue de la Liberté, comme je ne me lasse pas de regarder la Tour Eiffel à Paris. Pour moi, elles sont cousines, ce sont les symboles des deux pays. En plus, la Statue de la Liberté vient de France, ça a encore plus de sens pour un Français.

    • Un objet mythique pour vous ?

    Préférez-vous le “modern Faiche” ?…

    …ou le “vintage Faiche” ?

     

     

     

     

     

     

    La voiture, forcément. C’est la liberté. Et ça me fascine que les hommes soient capables de concevoir des machines aussi complexes et belles, capable de nous abriter et de nous transporter. Si je ne devais garder qu’un objet à part mes vêtements, ce serait une voiture. Quand je suis en reportage, même si la mission est difficile comme lors des catastrophes climatiques, du moment que j’ai une voiture, tout va bien. Je peux dormir dedans, me déplacer, je me sens à l’abri.

    • Un vêtement ou accessoire dont vous ne vous lassez pas ?

    Cédric Faiche : Un accessoire : l’iPhone. Même si je m’en veux parfois de passer autant de temps dessus, je dois avouer qu’il a changé nos vies et les facilite grandement, y compris dans ma vie professionnelle puisque grâce à lui, je fais des reportages et je suis en direct tout seul.

    • Vous repartez dans les 50’s ou 60’s, quel métier exercez-vous ?

    Cédric Faiche : Je ferais le même métier : journaliste. Je ne connais pas d’autre métier qui permette de pénétrer autant d’univers différents pour raconter ce qu’on y voit. La technologie a accéléré le rythme mais le métier reste le même.

    • Votre passion/collection inavouable  (tant pis il faut se lancer) ?

    La grange rêvée de Cédric…

    Cédric Faiche : Rien d’inavouable à mon sens : l’automobile, la cuisine, le vin, les voyages, le bricolage, les jardins et les maisons, le design des meubles et objets… Mon rêve : réunir tout ça en ayant un jour une grande maison à la campagne avec une cheminée et une grande cuisine pour recevoir les amis, un jardin, des arbres, une grange avec mes voitures de collection.

    • Votre plus beau souvenir des 50’s ou 60’s (ou pour les plus jeunes : ce que vous emmèneriez des 50’s ou 60’s dans les années 2000) ?

    Cédric Faiche : Je ne suis pas nostalgique. Mais j’emporterais les voitures de cette époque-là qui sont des œuvres d’art et le design de la même époque.

    Cédric a piloté une Alpine A110 lors du Tour Auto Optic 2000 en 2016. Photo Toma de Saulieu

  • Oscar Mayer : Hot Rod en cuisine


    Quand on parle de réussites industrielles  aux Etats-Unis, spontanément les images de Coca Cola, Ford, Texaco ou bien encore Boeing viennent à l’esprit. Pourtant,  un immigré, d’origine allemande, a su mettre l’Amérique à ses pieds avec une idée simple : le Hot Dog Oscar Mayer. Une référence aujourd’hui.

    Michigan. 1836. Les caravanes de migrants allemands inondent les routes en direction de Saint Louis, Chicago et La Nouvelle Orléans. Poussée par les Prussiens, l’antisémitisme fait rage en Allemagne, les juifs sont privés d’emplois publics et de mariage, la Bavière, en particulier, est désertée. Bref, le désarroi pousse la communauté juive allemande à prendre la poudre d’escampette vers un eldorado tout nouveau : l’Amérique. Le Pays du Far West est en pleine mutation, se modernise, paddle boat, routes et bientôt  chemins de fer arrivent à coup de charbon.

    Immigrés juifs allemands aux Etats-Unis

    Les allemands arrivent avec leur savoir-faire.  Colporteurs, quincailliers, artisans dans la confection viennent proposer leurs services.  La proportion d’immigrés européens passe de 1,4 % en 1815 à 9,7 % en 1850. Les allemands se concentrent tout d’abord dans trois États : Ohio, Indiana et Illinois. En 1830 cette immigration s’accélère. Les Allemands sont 152 000 à entrer aux États-Unis, contre 46 000 pour les Français, puis 435 000 en 1840 et 5 millions en 1960. Mais ce n’est pas la communauté la plus importante. Les Irlandais sont 781 000, tous ont fui la grande famine de 1845 causée par le mildiou et qui a anéanti les réserves de pommes de terre.

    Face à cette folie migratoire et les Etats redoublent de bienveillance et draguent ces européens robustes caractérisés par un coup de fourchette qui ne fait pas mentir la légende. Les Allemands avancent alors un peu plus dans le Midwest. Beaucoup contribuent au développement industriel de la région des Grands Lacs ou deviennent fermiers dans le nord des grandes plaines, où ils cultivent le blé et le maïs non loin de la frontière canadienne. Peu à peu, les paysans et les artisans sont rejoints par des médecins, juristes, pasteurs, professeurs.

    Parmi ce flot migratoire, la famille Mayer arrive sur le sol américain en 1873 et prend la direction de Detroit où une grande communauté allemande s’est installée. Le jeune Oscar, accompagné de son frère Gottfried, a alors 14 ans. Il devient garçon boucher sur les marchés.

    Oscar le roi du cochon 

    Oscar Mayer store

    En 1876, Oscar rejoint son frère établi comme fabricant de saucisses et de jambons à Chicago. Il a alors 17 ans et trouve rapidement du travail au Kohlhammer’s Market, puis chez Philip Armour & Company, entreprise agro-alimentaire réputée. En 1883, Oscar, le petit malin, a suffisamment économisé pour louer une entreprise en faillite, le Kolling Meat Market, dans un des quartiers allemands. Les ventes du premier jour totalisent 59 $. Les coupes de porc coûtent à l’époque entre 8 à 12 cents la livre. Les spécialités culinaires des frères Mayer sont réputées pour tenir au corps ! L’adresse est courue. Jambons de Westphalie, brockwurst, saucisses de foie, bacon et saucisses font des merveilles auprès des 470 000 allemands de Chicago, soit un habitant sur quatre. La société Oscar Mayer & Brother est vite rebaptisée Oscar Mayer & Company. En 1893 la « fine » équipe sponsorise l’exposition universelle de Chicago. Une réussite exemplaire 20 ans après leur arrivée sur les terres de l’Oncle Sam. En 1900, la TPE devenue PME compte 43 salariés et en 1904, Oscar Mayer appose sa marque sur ses produits et six ans plus tard ils adhèrent  au  programme fédéral d’inspection des viandes, réservé pourtant aux industries agro-alimentaire. En 1929, ils créent la bande jaune en tant qu’indicateur de viande de haute qualité. Le Deutsch kalitât avant l’heure en quelque sorte !

    Wienermobile : le food truck vintage 

    International D-300 Wienermobile

    Mais le coup de génie  vient en 1936. Dans une Amérique emportée par un secteur automobile dynamique, Oscar ou plus exactement son neveu a une idée de génie. En 1936, l’homme « sandwich » crée une voiture sandwich : la Wienermobile. Un food truck vintage en forme de hot dog faisant la promotion des produits de la gamme à travers tout le pays. En allemand, « Wiener » est une saucisse de Vienne. Le terme est largement utilisé aux États-Unis pour nommer la saucisse des hot dogs. Si un parallèle devait être fait avec notre bon goût culinaire, à la douceur de vivre hexagonale et par la même occasion au charme automobile à la française nous dirions que la 2 cv Justin Bridou de notre tour de France cycliste est la cousine de la Wienermobile. Mais revenons à notre saucisse. Au total huit modèles différents se succèdent. La partie basse du véhicule, beige sur les plus anciens modèles et jaune sur les plus récents, représente le pain, tandis que la partie supérieure orange, contenant l’habitacle prend la forme d’une saucisse. La première Wienermobile conduite successivement par huit « pilotes » nourrit sa légende grâce à Meinhardt Raabe. Acteur de (très) petite taille, il connait son heure de gloire dans le rôle du coroner Munchkin dans le film ” Le Magicien d’Oz ” en 1939. Pilote « ambassadeur » pour Oscar Mayer jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, son surnom « Little Oscar le plus petit chef du monde » n’a rien d’un hasard. Le véhicule a peu d’espace pour les passagers, Mayer réalise que le porte-parole doit être petit et choisit Meinhardt dont la taille ne dépasse pas 1m40.

    Meinhardt Raabe en Little Oscar avec la Wienermobile

    Après la seconde guerre mondiale, en 1952, la Wienermobile est relancée avec une flotte de cinq véhicules sur un chassis Dodge. Cette version est exposée au Musée Henry Ford à Detroit. Oscar Mayer décède en 1955 laissant derrière lui une réputation flatteuse du Roi du Hot Dog. La famille prend la relève et perpétue la tradition entre qualité, traçabilité et… Wienermobile.

    En 1958, le nouveau modèle proposé par Brooks Stephens, un designer industriel, est  plus « gras » que le modèle original de 1936. Plus long, il met au défit les rois du créneau version tête à queue. Dans la foulée, Oscar Mayer teste d’autres supports de communication avec  en 1963 ses premier spots radio et deux ans plus tard un  spot télé.   La Wienermobile de 1969, quant à elle, prend le meilleur et propose des feux arrière de Ford Thunderbird et un cadre de camping-car Chevrolet. En 1981, Oscar Mayer est vendue à General Foods puis à Kraft General Foods, nom de la division alimentaire de Philip Morris issue premier groupe agroalimentaire d’Amérique du Nord. La Wienermobile ne disparaît pas pour autant et est bien présente pour célébrer le 50e anniversaire de la marque en 1986. Deux ans plus tard, les marques de jouets Hot Wheels et Matchbox y vont de leurs répliques miniatures à l’échelle 1:64e.

    Les hotdoggers aux commandes

    Accident en 2009 à Mount Pleasant dans le Wisconsin d’une Wienermobile

    L’année 1988 est un tournant pour la compagnie Oscar Mayer avec l’arrivée du programme Hotdogger. Chacune des six Wienermobiles en fibre de verre est dirigée par une équipe de Hotdoggers. Les Hotdoggers sont diplômés, ont les dents blanches, sont bien bâtis et connaissent tout du Hot dog. Ils font partie de la « crème » des campus universitaires américains. Seulement 12 sont sélectionnés sur plus de 1000 candidats. Un camp de formation de deux semaines leur est proposé pour apprendre à conduire  la Wienermobile et tout connaître de l’histoire de la société Oscar Mayer. Tels les Apollons d’ Abercrombie & Fitch , les Hotdoggers sont les « gentils animateurs » d’Oscar Mayer. Supermarchés, foires agricoles, événements sportifs, tout y passe.  A bord de leur bus à saucisses  équipé de  sièges baquets, micro-ondes et téléviseurs,  ils sillonnent tout le pays.  Le modèle  de 2004, long de 8,23 mètres est équipé d’une sonorisation capable de jouer le jingle publicitaire de la marque en vingt-et-un styles musicaux différents. Construit à Santa Barbara en Californie, il est basé sur un châssis Chevrolet et du moteur GM Vortec  5700. Mais la saucisse est parfois difficile à manœuvrer en témoigne l’accident spectaculaire de 2009 à Mount Pleasant  dans le Wisconsin. Certains auraient-ils voulu enlever la peau du saucisson ?

    ADN de la marque, les Wienermobiles continuent leur expansion avec la Wienermini cooper sur une base de Mini, le scooter Winercycle en version side, mais également le  Wiener Rover  télécommandé et enfin le petit dernier le Wienerdrone qui comme son nom l’indique prend les airs jusqu’à 1200 pieds et se prend pour le Roi de la livraison à l’instar du drône Amazon.

    Ce n’est plus une écurie mais une vraie flotte que vous pouvez louer via twitter depuis 2014. Le plus impressionnant d’entre eux reste l’indéboulonnable  Wienermobile classique pouvant contenir jusqu’à 27 000 hot dogs. Mais une question demeure depuis l’origine  : Ketchup ou mayo ?

    Wienermobile de 1952

    En hommage à Jean-Paul Milhé de la revue Carlingue pour lequel cet article était prévu.

  • Rita Hayworth : la Déesse de l’Amour


    Rita Hayworth concentre à elle seule un multiculturalisme qui fait sa singularité. Née le 17 octobre 1918 dans le quartier de Brooklyn à New York ; Margarita Carmen Cansino de son vrai nom est l’aînée d’une famille de trois enfants. Son père Eduardo Cansino, danseur célèbre d’origine sévillane est venu s’installer aux Etas-Unis après avoir rencontré le succès en Europe avec ses représentations de danses andalouses, très prisées à l’époque. La mère de Rita, Volga, née Hayworth, elle-même danseuse, est fille d’acteurs anglo-irlandais.

    Des danses latines dès son plus jeune âge

    Dès son plus jeune âge, Rita se produit dans la troupe familiale des « Dancing Cansinos » et danse avec éventail et castagnettes. Son père, qu’elle admire, lui impose des cours de danse rigoureux et particulièrement contraignants. Rita est alors d’une nature réservée, obéissante et d’une timidité maladive. Avec l’arrivée du parlant, l’âge d’or du music-hall se termine et leurs spectacles ne font plus recette. Eduardo quitte New York, et toute la famille finit dans une roulotte avec un spectacle itinérant. En 1929, il prend la direction de Los Angeles et fonde une école de danse à l’angle de Sunset Boulevard et de Vine Boulevard. Un succès. Mais le krach de Wall Street vient tout bouleverser. Les Cansinos, repartent sur les routes…. Eduardo remonte ses anciens numéros de danse de tango espagnol et de boléro. Ils font  jusqu’à vingt shows par semaine, dans des night-clubs d’ Hollywood, Santa Monica, Long Beach ou d’ Agua Caliente près du Mexique.

    Introvertie dans la vie, extravertie sur scène 

    Rita Hayworth en 1930

    L’admiration de Rita envers son père va vite virer au cauchemar : alcoolique, il devient tyrannique et violent et subit des relations incestueuses. Si Rita est réservée et introvertie dans sa vie privée, elle s’épanouit dès qu’elle se trouve sur les planches. Lors de ses représentations dans les night-clubs, son père ne manque pas de la présenter à tout le gotha d’ Hollywood, dans l’espoir de décrocher un contrat de cinéma. En 1933, la Warner Bros Pictures lui fait passer un bout d’essai mais ne la retient pas, la jugeant trop ronde. C’est Winfield Sheehan, vice-président de la Fox Film Corporation, qui remarque l’adolescente de quinze ans « à la timidité qui faisait peine à voir » lors d’un passage à Tijuana. Il assiste au numéro de Rita et, séduit par son charme et sa silhouette, lui fait passer des essais au studio de la Fox sur Western Avenue à Hollywood. Les tests sont plus que concluants, et Sheehan lui fait signer un contrat, à condition qu’elle change son prénom en Rita, qu’elle suive un régime et qu’elle prenne des leçons de diction et de maintien. Elle tourne très vite un court métrage et danse dans un de ses premiers films “L’Enfer” en 1935 aux côtés de Spencer Tracy. Eduardo en sera d’ailleurs l’un des chorégraphes. Elle apparaît dans plusieurs films de série B, “Under the Pampas Moon”, “Charlie Chan en Égypte”, “Human Carg” où elle incarne les filles exotiques, mexicaines, égyptiennes, russes…

    Rita Hayworth et Edward C. Judson

    Mais la Fox connaît de sérieuses difficultés et, lorsqu’elle fusionne avec la 20th Century Pictures pour devenir la 20th Century Fox, le nouveau producteur en chef Darryl F. Zanuck se débarrasse de Sheehan et décide de retravailler tous les projets de ce dernier. Il remplace Rita par Loretta Young pour le film “Ramona” (1936) alors qu’elle avait déjà travaillé le rôle. C’est à ce moment-là qu’elle rencontre Edward C. Judson, obscur homme d’affaires arriviste qui, après avoir visionné les rushes du film Ramona propose à Rita, fragilisée par la perte de son contrat, de s’occuper de sa carrière pour tenter de la propulser dans le cinéma. Très vite, il lui trouve des contrats dans des sociétés de petite envergure qui produisent des films de série B.

    Une transformation physique pour le cinéma

    Étouffée par son père et sa mère, devenue alcoolique elle aussi, Rita prend ses distances avec sa famille et, en 1937, âgée de 19 ans, elle épouse Judson, de 20 ans son aîné, ce qui lui permet d’échapper à l’enfer familial. Judson se substitue totalement au père. Dès lors, Judson la métamorphose… Il lui fait prendre des cours de diction, la persuade de changer totalement sa façon de se vêtir, de se mettre à la diète, d’avoir recours à la chirurgie esthétique pour creuser l’ovale de son visage (en arrachant des molaires). Rita est trop brune et trop typée. Après des semaines de torture avec les séances d’électrolyse, il lui fait teindre les cheveux en auburn. Continuant ses plans, il la présente entre-temps à Harry Cohn, le patron de la Columbia Pictures qu’il connaît bien. Le producteur tombe sous le charme de la belle starlette et lui fait signer un contrat de sept ans de 250 dollars par semaine. Il prend en charge les frais pour parachever sa transformation et change son nom de Cansino par le nom de sa mère, Hayworth, pour faire plus distingué. Elle apparaît pour la première fois sous son pseudonyme en 1937, dans le film « Criminals of the air » où elle exécute à nouveau des danses espagnoles.

    Rita Hayworth se fait enfin remarquer dans le film de Howard Hawks « Seuls les anges ont des ailes » malgré la présence écrasante de ses deux célèbres partenaires Cary Grant et Jean Arthur, qui est alors la star de la Columbia. Ce film est déterminant pour la carrière de Rita Hayworth, mais l’expérience : « Ce fut un film difficile pour moi. C’était la première fois que je jouais dans un film important et j’avais vraiment peur. Cary Grant a été charmant et très gentil avec moi. Il m’a dit : “Ne t’inquiète pas, ça va marcher». Effectivement, le film est un succès : les critiques sont enthousiastes et le public masculin aussi… Rita gagne alors 2 500 dollars par semaine. Sa carrière démarre. Elle tourne ensuite deux autres films pour la Columbia : un remake du film français “Gribouille” de Charles Vidor qui deviendra son réalisateur fétiche et “L’Ange de Broadway“. La Warner Bros. Pictures s’intéresse à elle et  produit le nouveau film de James Cagney, “The Strawberry Blonde“.

    Fraîche et pétillante, Hayworth va brillamment composer son personnage de séductrice, qui fait craquer James Cagney, époux de la très sérieuse Olivia de Havilland. Le film remporte un vif succès. Le deuxième film de la Warner est une comédie romantique “Affectionately Yours“. La Warner essaye de racheter le contrat de Rita Hayworth à la Columbia, en vain. C’est ensuite la 20th Century Fox qui la réclame pour “Arènes sanglantes”, film en Technicolor. Le réalisateur, a auditionné plus de 30 actrices pour le rôle de Doña Sol mais il finit par exiger de Darryl Zanuck qu’il fasse venir Hayworth au casting. Dès qu’il la voit, fasciné par sa gestuelle sensuelle, il sait que c’est elle. Elle y réalise une magnifique performance et renforce son image de femme fatale.

    Une couverture mythique pour Life

    Rita Hayworth en couverture de Life

    Rita Hayworth fait maintenant la couverture de tous les magazines et la une des quotidiens et, grâce au film, elle devient une star internationale. On la surnomme “La Déesse de l’Amour“. En 1941, grâce à une photo de Bob Landry, tirée à plus de cinq millions d’exemplaires, et parue en couverture de Life, elle apparaît à genoux sur son propre lit en déshabillé de satin et dentelle. Elle obtient une popularité considérable auprès des G.I. américains engagés dans la Seconde Guerre mondiale. C’est alors le règne des pin-up, et Rita Hayworth est, avec Betty Grable, sans doute la plus populaire auprès des soldats. Hayworth participe à l’Hollywood Canteen en dansant au bras des GI’s. En 1943, elle visite des bases militaires et des hôpitaux, et fait une immense tournée pour soutenir le moral des troupes. À la Columbia, l’actrice se remet à la danse pour des comédies musicales. Elle en tourne deux avec Fred Astaire : “You’ll never get rich” et “You Were Never Lovelier“. L’alchimie entre les deux danseurs est une évidence « Fred était venu à la Columbia et m’avait demandée, il savait que j’étais danseuse… Sans lui, je n’aurai jamais joué dans ces deux films ».

    Rita Hayworth dans”You Were Never Lovelier” – 1942

    C’est en même temps que la sortie du film en  1942 qu’elle divorce d’Edward Judson devenu menaçant, violent et d’une jalousie maladive. En 1943, Orson Welles, acteur et réalisateur, également fasciné par la célèbre photo de Life, entreprend de séduire “la plus belle femme des États-Unis”. La star succombe à la passion et la détermination de Welles et se marie en septembre 1943. Elle continue de tourner des films musicaux notamment avec Gene Kelly dans “La reine de Broadway”. En décembre 1944, Rita donne naissance à Rebecca sa première fille. Mais Orson Welles qui s’est tourné vers la politique la délaisse de plus en plus.

    Gilda sont chef d’oeuvre

    L’apogée de Rita Hayworth vient avec le film “Gilda” de Charles Vidor, son réalisateur fétiche.

    Rita Hayworth dans Gilda en 1946

    L’histoire tourne autour d’un trio amoureux. Johnny Farrell, joueur professionnel, débarque à Buenos Aires, en Argentine. Il se lie d’amitié avec Ballin Mundson, le propriétaire d’un casino, dont il devient l’associé. À l’issue d’un voyage d’affaires, Ballin revient, accompagné de celle qu’il vient d’épouser : l’extraordinaire Gilda. Le hasard et la prédestination veulent qu’elle soit précisément l’ex-fiancée de Farrell. Ballin confie à Farrell la garde de Gilda. L’ancien amour renaît de ses cendres mais Farrell est en proie à la haine, la jalousie. Dans une scène d’anthologie, Gilda vêtue d’un fourreau noir retire ses longs gants : ce “strip tease”

    suggéré reste un des sommets de l’érotisme au cinéma. Avec ce film, Rita Hayworth entre à jamais dans la légende cinématographique. Le succès est énorme et les retombées sont incroyables. Une expédition enterre au pied de la cordillère des Andes une copie du film destinée à la postérité. On vend un disque sur lequel, à travers un stéthoscope, ont été gravés les battements de cœur de Rita Hayworth. Le succès est tellement foudroyant qu’une des premières bombes atomiques larguée, en 1946, sur l’atoll de Bikini est baptisée Gilda et porte l’effigie de l’héroïne. Mais cette « attention » ne passe pas auprès de Rita !

    Orson Welles et Rita Hayworth, sur le tournage de Lady from Shanghai en 1947

    Alors qu’ils sont en instance de divorce, Orson Welles lui offre, comme un cadeau de rupture, son film : La Dame de Shanghai. Après avoir lu le livre, Rita veut jouer le personnage d’Elsa Bannister et démontrer qu’elle est aussi une actrice dramatique. Welles coupe la flamboyante chevelure de la star et la teint en blonde platine pour les besoins du film. Le film tourne au désastre financier et certaines scènes tournent au débat.Après Gilda, les cachets de Rita deviennent considérables avec 400 000 dollars par film.

    Rita Hayworth dans The Lady from Shanghai -1947

    Un jour mon Prince viendra

    Rita Hayworth épouse le Prince Ali Khan le 27 mai 1949

    Cadillac Series 62 by Ghia offerte par le Prince à Rita

    Rita Hayworth décide, en 1948, de partir quelque temps en Europe. Le 3 juillet, lors d’une fête à Cannes Rita est présentée au prince Ali Khan. Un an plus tard, le 27 mai 1949, au terme d’une liaison placée sous le feu des tabloïds, Rita Hayworth devient princesse et se marie à Vallauris (Alpes-Maritimes), au château de l’Horizon. La princesse Yasmin Aga Khan, sa deuxième fille naît de cette union. Rita séjourne alors souvent à Cannes, dans le château de l’Horizon, ainsi qu’à Deauville. Mais le conte de fées est de courte durée. Rita, qui voulait fuir Hollywood, retrouve d’autres fastes encore plus contraignants. De plus, elle subit les tendances polygames de son mari, ce qui la blesse profondément. Le couple divorce en 1953. Le Prince lui offrira en dernier la magnifique Cadillac Series 62 Ghia Coupe produite à seulement 2 exemplaires.

    La Blonde ou la Rousse avec Franck Sinatra, Kim Novak et Rita Hayworth en 1957

    Les premières années de son retour à Hollywood sont très difficiles pour Rita. Une bataille juridique entre elle et Ali va se dérouler pendant plusieurs années pour la garde de Yasmin son quatrième mariage en 1954 avec Dick Haymes, ancien chanteur des orchestres de Benny Goodman va s’avérer désastreux. Ses films marchent moins bien. Elle tourne à la Columbia en 1957 pour “L’Enfer des tropiques” avec Robert Mitchum et remporte encore un grands succès dans “La Blonde ou la rousse” avec Frank Sinatra, son dernier film à la Columbia. Bien qu’elle y interprète le rôle d’une femme mûre, elle sait administrer une belle leçon par son jeu, son rayonnement et ses numéros dansés, à la nouvelle star de la Columbia, Kim Novak.

    En 1958, Rita épouse, James Hill, un producteur rencontré lors du tournage de La Blonde ou la Rousse. Hill propose le rôle d’Ann Shankland à Rita Hayworth pour le film « Tables séparées » tiré d’une pièce anglaise. Grand succès financier, le film reçoit sept nominations dont deux oscars pour les interprétations de David Niven et Wendy Hiller.

    Alzheimer comme dernier rôle dramatique

    Le déclin de Rita Hayworth s’amorce et, au cours des années 1960. Son penchant pour l’alcool se répercute fâcheusement sur son physique et son comportement. Les premiers symptômes de sa maladie apparaissent : Rita est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Mal connue à l’époque, ses débordements d’humeur et ses altérations de mémoire sont mis sur le compte de la boisson. En 1981, elle est placée sous la tutelle d’une de ses deux filles, la princesse Yasmin Khan qui deviendra une des plus efficaces porte-parole de l’Association pour la défense des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et organisera au nom de sa mère des galas pour récolter des fond4.

    Le 14 mai 1987, Rita Hayworth s’éteint à New York. Elle est inhumée à Culver City, faubourg de Los Angeles, au cimetière Holy Cross. Elle possède son étoile sur le Hollywood Walk of Fame au 1645, Vine Street. Un mythe s’éteint.

  • Cadillac Series 62 Coupe by Ghia 1953 : The Joy of Rita


    Dans les années 50, les carrossiers avaient la possibilité d’acheter des chassis chez les constructeurs afin de proposer des modèles « vitrine ».

    Publicité pour la Cadillac series 62

    Ainsi, en 1953, le patron de Ghia, Luigi Segre, commande deux châssis de Cadillac Series 62, modèle d’entrée de gamme chez la marque de General Motors. Conçue par Harley Earl cette classic car était un véhicule de luxe qui pouvait transporter six personnes confortablement. La voiture était une décapotable avec toit rétractable. Les phares s’allumaient à la tombée de la nuit et passaient des feux de route aux feux de croisement lorsqu’ils détectaient le trafic venant en sens inverse. Au total, il y avait huit feux à l’avant du véhicule. Elle était dotée, cela va sans dire, d’un grand V8 de 5,4 litres de 210 chevaux . L’idée était de proposer au Salon de Paris un concept car badgé General Motors.

    Un design européen pour une caisse américaine

    L’équipe de Segre se met au travail pour proposer un coupé élégant dans la lignée des chef d’œuvres aperçus avec l’Alfa Romeo 1900 Sprint Speciale Supergioiello et la Chrysler D’elegance en 1952, amorcée par le talentueux Virgil Exner et terminée par Ghia.

    Chrysler Delegance 1952

    Deux voitures sortiront de l’atelier. Aujourd’hui elles subsistent en noire et or et en teinte « bourgogne ». Nul ne sait de quelle couleur initiale étaient ces véhicules en témoigne la couverture du magazine « Road and Track ».

    Cadillac series 62 by Ghia à l’Imperial Palace de Las Vegas

    Rita Hayworth en femme gâtée…

    La première est propriété de l’Impériale Palace Collection de Las Vegas. La légende veut que ce modèle noir est appartenu à l’iconique Rita Hayworth, cadeau de son époux, homme le plus riche du monde, le prince Aly Khan, fils du sultan Aga, qui l’aurait acheté sur le stand du salon automobile de New York pour elle. La voiture est aujourd’hui connue sous le nom de Rita Hayworth Cadillac.

    Petersen Automotive Museum de Los Angeles

    Cadillac Series 62 by Ghia au Petersen Automotive Museum

     

     

     

     

     

    Un second rôle dans Iron Man 2

    La seconde, à roues à rayons, est la propriété du Petersen Automotive Museum de Los Angeles. On l’aperçoit aux côtés de Robert Downey Junior et Gwyneth Paltrow dans le film Iron Man 2.

    Iron Man2 en 2010 avec Robert Downey Jr et Gwyneth Paltrow avec en arrière plan la Cadillac Series 62 by Ghia de 1953

    Son premier propriétaire n’était autre que John Perona, propriétaire de la célèbre discothèque El Morocco de Manhattan.

    Le 12 septembre 1954 Marilyn Monroe dîne avec Joe DiMaggio au El Morocco de John Perona

    Le concept avait la direction assistée, les vitres électriques, les sièges réglables électriquement, une antenne automatique, un servofrein, verre teinté et l’oeil Autronic, pour l’allumage ou la réduction automatique des feux. Les voitures modernes n’ont rien inventé.

    Cadillac series 62 by Ghia dans le magazine Road & Track

     

     

    Les goûts et les couleurs…

    Les modèles ont été restaurés plusieurs fois et probablement modifiés. En effet, on doute que Ghia ait fait un modèle en or anodisé ! Les jantes en aluminium ne furent disponibles qu’à partir de 1956 et les roues à rayons proviennent de l’Eldorado de 1955. Le magazine Road & Track montre une voiture bleue avec des panneaux latéraux blancs, des roues avec chrome, des enjoliveurs et des pare-chocs avant sans cornes.

    Les deux voitures, malgré leur taille, sont des coupés à deux places. Derrière les sièges de chaque voiture se trouve un ensemble de bagages sur mesure – une idée que Ghia a également utilisée dans le concept D’Elegance. Le tableau de bord des deux voitures reprenne celui de la 62, avec un indicateur de vitesse proéminent, plus une radio centrale et un haut-parleur. Seule la banquette a été remplacée par deux sièges. L’élégance, plutôt que la haute performance. RM Auctions a estimé cette beauté à 1,5 million de dollars. Le prix de sa légende mystérieuse.

     

  • Manic GT, la berlinette québécoise


    A La Gazette d’Hector, on adore les américaines pour leur style inimitable et le son fabuleux de leur moteur V8. Mais un jour @BenjaminCholeau , rédacteur pour le Blog, arrive avec un dossier pour le moins exotique : la Manic GT, québécoise de son état. Etats-Unis, Québec, on allait pas faire l’impasse sur les cousins. Benjamin nous présente ce drôle d’oiseau.

    Jacques About créateur de la marque Manic

    Ce que l’on sait peu c’est que la Régie Renault exportait, dans les années 60 en Amérique du Nord, des R8 et R10. Vers la fin des années 60, Renault Canada lance une étude de marché pour importer l’ Alpine A110
    sur le sol Nord-américain. Même si l’étude montre que les canadiens sont potentiellement intéressés par une voiture sportive et légère, Renault prend la décision de renoncer à l’exportation de l’Alpine.

    Oui mais voilà l’aventure ne s’arrête pas là. Jacques About, née en 1938 en France,  s’installe au Québec à Montréal lors de la Grande Noirceur dans les années 50. Il travaille alors aux affaires publiques pour Renault Canada et plus particulièrement sur le dossier d’importation de l’Alpine A110.

    Manic la cousine d’Alpine

    Passionné de sport automobile, il n’accepte pas la décision de Renault et décide de créer l’Alpine québécoise. En 1968, il fonde la société “Manic”. Le nom vient des barrages en constructions qui se construise à la même époque sur la rivière Manicouagan. Afin de faire connaître son projet de construire une voiture sportive, il se lance dans la compétition et achète des monoplaces au près du fabricant français GRAC qu’il engage en
    Formule C et B (aujourd’hui appelé Atlantic Championship) avec le soutien des incontournables cigarettes Gitanes.

    Forts de ses succès en compétition, les investisseurs afflux. Parmi eux, le géant Bombardier, à l’époque simple fabriquant d’autoneige et motoneige, la famille Steinberg, propriétaire des supermarchés Steinberg’s et pour finir le gouvernement canadien. En tout, c’est 1,5 million de dollars qui sont investis dans la petite société. Ni une ni deux, dans l’atelier de l’écurie, à Greenfield Park, un arrondissement de Longueiles, les hommes se mettent au travail pour construire le premier prototype de la Manic GT.

    Une équipe Made in France

    Usine Manic

    Le dessinateur est Serge Soumille, un jeune français de 25 ans, qui quitte la France en mai 1968 pour suivre sa femme, chanteuse pour la maison de disques Barclay en tournée au Québec. Travaillant dans la compétition automobile en France, il recherche un poste de pilote. Il entend parler du projet de Jacques About. Il est engagé pour quelques courses en Formule C puis on lui propose de s’occuper de la conception du design, le tout sous l’œil avisé de Jacques About. Un autre français est de l’aventure, Maurice Gris, jeune mécanicien de 19 ans. Ce dernier répond à une annonce paru dans Ouest France pour aller travailler au Canada dans les garages Renault. À cette époque, les américains ne voulait pas travailler sur des voitures européennes ou japonaises, les qualifiants de voiturettes avec leurs petits moteurs et le peu d’espace pour travailler autour. C’est dans l’usine SOMA Société de Montage Automobile de Renault Canada à Saint-Bruno de Montarville qu’il rencontre Jacques About. Les deux français sympathisent, et Maurice Gris devient le mécanicien de l’écurie Manic. Par la suite, il quitte Renault pour rejoindre Jacques About dans son projet de berlinette. Il est envoyé en France, où il passe quelque temps chez GRAC et Alpine, pour apprendre le fonctionnement des monoplaces et la conception des voitures en fibre de verre. À son retour, il est chargé de l’assemblage de la mécanique et de la production. À son retour, il est chargé de l’assemblage de la mécanique et de la production.

    Une vitesse annoncée à 215 km/h pour 658 kg

    Martha Vasconcellos, Miss Univers 1968 s’appuyant sur une Lotus Europa lors du salon
    automobile de Montréal en 1969

    En avril 1969, lors du salon automobile de Montréal, le concept de la Manic GT est présentée pour la première fois au public… avec une portière manquante, dû au manque de temps pour la réaliser. En dépit de cet anecdote, le concept reçoit un bon accueil. Les premières commandent tombent. La production des premiers modèles de la Manic GT est lancée en octobre 1969. Ils sont assemblés avec l’aides d’étudiants en mécanique dans une usine désaffectée à Terrebonne. La Manic GT est conçu sur le châssis de la Renault 8, renforcé par un châssis tubulaire et unecarrosserie en fibre de verre. En reprenant les trains avant et arrière de la Renault 8, le moteur de 1300 cm3 d’origine Renault, positionné en porte à faux arrière, la berlinette est proposée avec trois niveaux de puissances différentes, 65, 80 et 105 chevaux SAE. Associée à une transmission manuelle à 4 rapports synchronisés et une transmission manuelle à 5 rapports synchronisés en option. Avec ses dimensions européenne, longue de 4,13 mètres, large de 1,50 mètre, avec une hauteur de 1,14 mètre et  un poids plume de 658 kilogrammes la Manic GT atteint  la vitesse de 170 km/h à 215 km/h, selon la spécification moteur. Et pour l’arrêter, la berlinette est équipé de 4 freins à disque, qui était plutôt rare à cette époque.

    Le prix de vente de la Manic GT de base avec ses 65 chevaux est de 2200$ quant à la 105 chevaux son prix est affiché à 3400$ sachant qu’à l’époque, le revenu moyen d’un couple canadien s’élevait à 6500$ par an. En 1970, “Les Automobiles Manic” font feu de tout bois. L’objectif est d’en construire 2000 exemplaires par an Tout en continuant la fabrication dans une nouvelle usine de production de 6500 m² à Granby. En parallèle, Jacques About et son équipe continuent les courses automobiles, dont les Grands Prix de Formule B et C, et se lancent un nouveau défi, l’endurance. Ils se mettent à l’élaboration d’un prototype d’endurance, la Manic PA-II.

    En avril, lors du salon Automobiles de Montréal, on retrouve sur le stand Manic, la Manic GT dans sa version finale, les Formule GRAC et la Manic PA-II. L’enthousiasme de la presse et des visiteurs du salon contribuent à remplir le carnet de commandes à tel point qui faudra plus de 2 mois d’attente pour l’acquérir. Le 1er janvier 1971, l’usine  de Granby est inaugurée. 120 employés y travaillent pour produire 5 voitures par jour. La production augmente mais Jacques About a de plus en plus de mal à se faire fournir par la Régie Renault, l’obligeant à solliciter des concessionnaires et des garages Renault de la région du Québec. La production prend de plus en plus de retard, les soucis financiers arrivent… La construction de l’usine à coûté beaucoup d’argent, la compétition ne rapporte pas autant que prévu. N’étant plus payé dans les délais, Renault cesse toute livraison. Le 8 juin de la même année, l’usine des “Automobiles Manic” ferme ses portes…

    Il faudra 15 ans à Jacques About pour finir de payer ses créanciers, avec comme seul regret, avoir refusé de s’installer dans les usines de Bombardier pour produire la Manic GT, de peur de se faire absorber. Il n’y aura eu qu’une centaine d’exemplaires produits dont une qui finira en France, au siège Renault. Serge Soumille la récupérera à son retour en France. Parti initialement au Québec pour 3 mois, il y sera resté 3 ans, le temps de l’aventure Manic. Clap de fin.

    By @BenjaminCholeau


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